CRITIQUE | FILM

BALLERINA : un ballet d’action

Critique | Ce projet avait de quoi effrayer. Repris dans une licence populaire aux séquences d'action soignées, et confié à Len Wiseman, à qui l'on doit entre Underworld ou encore le remake de Total Recall.. Une équation qui laisse perplexe, et les multiples reshoots du film n'ont fait qu'enfoncer le clou. Pourtant, c'est beaucoup plus sympathique que prévu..

SYNOPSIS


Après le meurtre de sa famille, une jeune femme, formée dès l’enfance à l’art du combat dans une école clandestine, revient dans le monde des assassins pour se venger. Maîtrisant chaque mouvement avec une précision chirurgicale, elle traque un à un les responsables, évoluant dans l’ombre d’un univers régi par ses propres codes.

© Ballerina

Mais alors que sa vengeance la rapproche de la vérité, elle découvre que la trahison vient de plus près qu’elle ne l’imaginait. Dans un monde où la loyauté est rare et la mort toujours à l’affût, elle devra choisir entre la justice, la survie… et sa propre humanité.

NOTRE CRITIQUE

Ballerina, c’est la surprise agréable qu’on ne soupçonnait pas, cachée derrière un pitch de vengeance vu mille fois. Un spin-off de John Wick qui ne cherche pas à révolutionner quoi que ce soit, mais qui fonce dans le tas avec une telle énergie qu’on finit par embarquer, malgré les grosses ficelles et les lacunes évidentes.

Soyons clairs : le scénario est vraiment ridicule. Une histoire de vengeance, vaguement tirée d’un traumatisme familial, qui manque cruellement de corps, d’émotion et surtout d’originalité. Tout est téléphoné, expédié, voire bâclé. Chaque tentative de twists échoue, car elles se produisent sans aucune construction, sans tension, comme si le film lui-même ne se souciait pas de ses propres enjeux. Un vide narratif affligeant, dû au rythme du film qui ne laisse aucune place au développement, avançant comme un rouleau compresseur : aucune pause, zéro respiration. On est catapulté de scène d’action en scène d’action sans jamais prendre le temps d’installer quoi que ce soit. Pas même les personnages secondaires qui sont, pour la plupart, totalement inutiles. Des figurants de luxe qui entrent et sortent du cadre sans qu’on ne saisisse véritablement pourquoi ils sont là. À peine esquissés, utilisés en tant que faire-valoir ou simple obstacle. John Wick est tout aussi anecdotique, relevant plus d’une simple allusion commerciale que d’une véritable intégration narrative. Et pourtant, malgré tous ces défauts structurels, Ballerina fonctionne. Parce qu’il assume pleinement ce qu’il est : un film récréatif, un vrai défouloir, pensé pour déconnecter son cerveau et profiter du spectacle. L’action est bourrin à souhait, bien coordonnée, inventive, avec un réel soin apporté à chaque séquence. Bien que nous soyons éloignés de la virtuosité des autres épisodes de la saga, le film parvient à se démarquer par son action, loin des bastons génériques interchangeables que l’on peut observer dans d’autres films du genre.

© Ballerina

D’autant que certaines scènes d’action sont ponctuées de touches d’humour subtiles et bien senties. Des petits moments de dérision qui tombent juste et apportent une respiration bienvenue au milieu du chaos. Et puis, il y a Ana de Armas. On sent une vraie implication physique, un engagement total dans les chorégraphies, et surtout une crédibilité constante. Le film réussit à construire l’action autour de son personnage en tenant compte de son gabarit, de sa technique et de son style. Chaque confrontation semble être conçue pour elle, ce qui confère une certaine authenticité au corps-à-corps. Mieux encore, la mise en scène évite soigneusement de sexualiser son héroïne. Pas de plans glamours, pas de ralentis appuyés pour flatter l’œil : au contraire, le film n’a pas peur de la salir, de la cogner, de l’exposer à la douleur et à la fatigue. Un parti-pris, à la fois esthétique et éthique, qui donne à l’ensemble une densité physique assez rare dans le genre. Elle porte le film sur ses épaules sans sourciller, et on se dit qu’elle pourrait très bien reprendre le flambeau de l’univers John Wick. D’ailleurs, cet univers-là est ici repris de manière un peu plus sèche, moins stylisée, mais sans trahison. On retrouve les codes, les décors étranges, les tueurs en costume, les rituels mystérieux. C’est moins classe, plus brut, mais c’est en harmonie avec l’énergie du film.

Au final, Ballerina ne cherche pas à être autre chose qu’un bon film d’action bourrin et efficace. On pose le cerveau, on s’installe, et on laisse Ana de Armas dérouler son ballet de baston. Parfois absurde, souvent excessif, mais c’est divertissant. C’est un petit plaisir coupable, un film récréatif qui fait le taf. Et dans le genre, c’est déjà pas si mal.

EN DEUX MOTS

Malgré son scénario débile et laborieux, Ballerina nous offre un film récréatif qui défoule. Un divertissement qui se focalise uniquement sur ces séquences d’actions, bien pensées, esthétiques et souvent inventives. Ça ne raconte rien, ça ne sert à rien, mais c’est jubilatoire.

3

Note : 3 sur 5.


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