SYNOPSIS
À Yaoundé, le commissaire Billong enquête sur l’assassinat d’un officier de police. Tiraillé entre le chaos des rues et les tensions au sein de sa propre famille, il lutte pour préserver l’ordre. Fidèle à ses principes et aux traditions, il se retrouve au bord de la rupture.

Indomptables est un thriller policier franco-camerounais réalisé par Thomas Ngijol, sorti en 2025. Le film est une adaptation du documentaire Un crime à Abidjan (1999) de Mosco Boucault. Il est présenté dans la sélection de la Quinzaine des cinéastes au Festival de Cannes 2025.

NOTRE CRITIQUE
Fastlife, Case Départ ou encore Black Snake, la filmographie de Thomas Ngijol en tant que réalisateur alterne entre le très bon (Case Départ), et le moins bon mais ça passsssssssse (le reste). Par contre, son tout nouveau film, Indomptables, est bien loin de ces standards habituels. Il y a presque tout de différent, à l’exception d’une touche de sincérité qu’il partage avec ses précédents projets.
Et si vous doutez encore de la qualité du film, il faut sacher (comme dirait l’autre) qu’Indomptables a intégré la prestigieuse sélection de la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes. Entre Martin Scorsese, Agnes Varda, ou encore Quentin Tarantino, il y a désormais Thomas Ngijol. Ça peut surprendre, et pourtant, on vous garantit qu’il a toute sa place ici. Car Indomptables est ce genre de polar noir plein de sincérité, de spontanéité et d’implication. Il raconte d’abord l’enquête d’un flic désabusé par l’état de son pays qu’il chérit. Mais ce qui devait être le cœur de l’histoire, passe rapidement au second plan, tant Thomas Ngijol souhaite avant tout nous raconter le Cameroun et son personnage principal. On se laisse alors facilement transporter dans les déambulations de la ville meurtrie, bercés par les douces notes de musique de Dany Synthé. Une bande-son qui séduit dès la séquence d’introduction, mais qui va légèrement nous frustrer par sa discrétion pour le reste du film.. On en demande peut-être un peu trop, car Thomas Ngijol s’aventure assez profondément sur ces nouveaux sentiers. Et ce n’est clairement pas une mince affaire quand on vient du milieu de l’humour en France, où il est souvent difficile de sortir d’un genre dans lequel on est trop vite catalogué..

Mais cet inconnu dans lequel il plonge, il le connaît quand même un peu, car l’histoire du Cameroun, il la porte en lui depuis longtemps. Indomptables est comme un diaporama de ce pays, qu’on ressent avec amour malgré toutes les épreuves traversées par le personnage principal. Le film souligne avec force le fossé entre un continent africain en pleine reconquête de ses moyens et un Occident distant. Dans cette enquête, pas d’équipe scientifique de haut vol ni de méthodes sophistiquées d’interrogatoire (à part des grosses baffes dans la gueule), on avance avec des moyens parfois rudimentaires, à l’image de la réalité. Indomptables est aussi une histoire de famille, et c’est sans doute là que l’on sent le réalisateur le plus sincère. Comme si le personnage et son créateur ne formaient qu’un, que Thomas Ngijol se positionnait en père tourmenté, coincé dans un fossé générationnel qui parle à tous. Pour cela, le cinéaste marie cette intimité à une mise en scène soignée, qui surprend par son côté brut, sans chercher à sublimer le pays et le paysage. Il place son héros, impeccable dans son costume, au cœur de la boue et du désarroi, comme un homme qui constate les dégâts après coup. Un vrai tour de force majeur dans sa filmographie, qui offre même quelques fulgurances d’émotion entre père et fille, portées par de beaux dialogues simples mais touchants. Dommage que l’humoriste reprenne parfois le dessus, et qu’Indomptables devienne maladroitement « drôle » par moments. Une petite tendance à affaiblir le reste du message, mais un effet inévitable quand Thomas Ngijol se tient devant et derrière la caméra..
EN DEUX MOTS
Thomas Ngijol s’aventure en terre pas si inconnue avec une sincérité et une implication personnelle qui fait à la fois force et faiblesse de son film. Mise en scène solide et portrait de flic désabusé qui porte un regard froid sur les maux de son pays : corruption, précarité, choc générationnel..
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Après Dubosc qui se prend pour les Coen dans le Jura, voilà Ngijol qui fait du Dardenne à Yaoundé. Et ça marche !
Très belle chronique. 👏
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