CRITIQUE | FILM

LES 4 FANTASTIQUES : du charme mais peu d’ampleur

Critique | Après une cinquième phase indigeste, marquée par des films médiocres, des bides en salle et de nombreuses polémiques en coulisse, il était crucial pour Kevin Feige et ses équipes de redresser la situation. C'est tout le fardeau que supportent ces 4 Fantastiques, premier film de la phase 6, censé relancer la machine. Au vu du résultat, il semblerait que la mécanique soit toujours un peu rouillée.

SYNOPSIS

Dans les années 1960 d’un monde rétrofuturiste, les Quatre Fantastiques sont les seuls super-héros de la Terre-828. Alors que Susan Storm attend leur premier enfant, une étrange visiteuse venue des étoiles annonce la venue imminente de Galactus, une entité cosmique qui dévore les planètes.

© Les 4 Fantastiques : Premiers pas

Face à une menace d’ampleur galactique, la famille héroïque doit affronter des dilemmes déchirants et explorer les confins de l’univers pour sauver leur monde — et leur futur enfant, porteur d’un pouvoir insoupçonné.

NOTRE CRITIQUE

Déjà adaptés dans deux films sympathiques mais oubliables, et un reboot absolument abject, Les 4 Fantastiques n’ont jamais vraiment eu leur heure de gloire au cinéma. Une occasion pour Matt Shakman de corriger le tir. Un pari en partie relevé puisqu’il réussit avec cette nouvelle version à apporter un vrai coup de frais à l’univers Marvel, et rien que ça, c’est déjà une petite victoire.

On ressent une envie de s’éloigner de l’abondance de personnages inutiles et de récits surchargés des dernières productions du studio, pour se concentrer sur les bases du cinéma de super-héros. Un choix qui se traduit à l’écran par une dynamique de groupe réussie, portée par un casting solide où l’alchimie entre les acteurs saute aux yeux. Pedro Pascal et Vanessa Kirby sont crédibles en couple soudé, tandis que Joseph Quinn et Ebon Moss-Bachrach, bien que moins développés, parviennent malgré tout à insuffler une énergie sincère et légère. Mais la vraie force du film repose sur l’idée de le transposer dans une version alternative de la Terre, ce qui permet de réellement sortir des codes Marvel classiques. Le choix d’un univers rétro-futuriste, comme une relecture modernisée des années 60, donne beaucoup de personnalité au récit. Matt Shakman et son équipe artistique parviennent à concevoir un monde hybride, mêlant nostalgie et modernité, qui ne ressemble à aucun autre film Marvel et qui fonctionne vraiment bien. Un monde qui engendre des idées de mise en scène inventives, offre une dimension d’aventure qui fait du bien et qui suscite l’envie de suivre l’équipe dans cet environnement inédit. Encore plus quand elle est accompagnée des musiques de Michael Giacchino, qui livre une partition ample, élégante et qui donne du corps aux moments-clés. Une puissance sonore qui se démarque notamment lorsqu’il s’agit d’accompagner l’antagoniste Galactus, dont le design offre une ampleur impressionnante et qui est également l’un des points forts du film. Même si la menace qu’il représente n’est pas toujours bien exploitée. Il en va de même pour le personnage de la Surfeuse d’Argent. Son design est remarquable, mêlant élégance et puissance dans un style presque organique. Mais voilà, une fois passé l’excitation de la forme, on se rend compte que le fond manque cruellement de densité. Un film bien trop sage et linéaire qui reste à la surface de ses idées. Les enjeux sont posés de manière précipitée, et avant même d’avoir eu le temps d’y croire, ils sont déjà expédiés. On passe d’une situation de crise à sa résolution en quelques scènes, comme si le film avait peur de s’y attarder.

© Les 4 Fantastiques : Premiers pas

C’est pareil pour les différentes thématiques abordées. Les questions du sacrifice, de l’unité ou des limites personnelles des super-héros, bien qu’elles soient fascinantes, sont constamment survolées. Coincées dans un récit linéaire, presque mécanique, sans véritables risques narratifs. Emprisonnées dans un rythme effréné, empêchant le long-métrage d’exister pleinement. Le film déroule son récit sans interruption, ce qui impacte forcément les moments clés et parfois même ses points forts. À commencer par les personnages qui, malgré une belle incarnation, font face à une inégalité flagrante de développement. Si Reed et Sue bénéficient d’un arc assez bien construit, Johnny et Ben sont trop souvent réduits à de simples faire-valoir. La complicité fraternelle entre Sue et Johnny n’est qu’effleurée, tout comme l’amitié forte entre Reed et Ben, pourtant centrale dans l’ADN des 4 Fantastiques. On sent que le montage a sacrifié certains passages qui auraient pu densifier cette dynamique d’équipe, ce qui accentue la sensation d’un récit trop vite emballé. Il en est de même pour la surfeuse d’argent, qui aurait mérité une plus grande importance. Le manque de consistance du personnage dans Les 4 Fantastiques et le Surfer d’Argent en 2007 avait fait l’objet de nombreuses critiques, à raison. Il semble que les leçons n’aient pas été retenues, car cette surfeuse version 2025 a exactement le même développement, ni plus ni moins. Cette hâte, qui empêche le film d’atteindre un souffle narratif digne de son ambition, a aussi un impact sur tout le déroulement de l’histoire. Certaines séquences, bien qu’elles soient visuellement très réussies, ne sont que des parenthèses. Les personnages secondaires se révèlent bien trop futiles, et les menaces annoncées perdent leur poids dramatique. Un souci qui persiste tout au long du film, jusqu’au climax, qui manque terriblement d’intensité. Alors que le film amorce une confrontation d’envergure, elle se révèle expéditive et, en fin de compte, plutôt fade. Le danger censé peser sur le monde entier paraît étrangement réduit. Tout se joue dans un coin de rue, ce qui fait perdre toute notion d’ampleur. Et une fois de plus dans le MCU, l’action se déroule dans un espace désert, sans aucune possibilité de dommages collatéraux. Un face-à-face sans envergure, sans grandeur, sans risque palpable.

En soi, Les 4 Fantastiques : Premiers Pas réussit dans sa forme, son univers et son ambiance, mais échoue à donner de la densité à ce qu’il raconte. C’est un film « accessoire » qui ne s’assume pas pleinement et qui sert surtout de passerelle vers Avengers : Doomsday. Il y a cette désagréable sensation de revivre l’année 2019. Cet instant où nous étions « forcés » de courir en salle pour aller voir Captain Marvel, vendu comme crucial à la compréhension d’Avengers : Endgame, alors qu’il n’en était rien. En espérant que ce premier film de la phase 6 n’ait pas déjà mis fin à son avenir.

EN DEUX MOTS

Séduit par son univers rétro-futuriste, son casting complice et sa musique inspirée. Mais derrière cette belle forme, il reste trop linéaire, avec des thématiques survolées, et un rythme effréné qui enchaîne les enjeux sans leur donner le temps d’exister. Ca manque de souffle et ça ressemble surtout à un simple tremplin vers Avengers : Doomsday.

3

Note : 3 sur 5.


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(5 commentaires)

  1. Encourageant mais inabouti en effet. Je te rejoins sur le saccage probable en salle de montage qui déséquilibre le film, tiraillé entre sitcom familiale et enjeux à échelle cosmique. Mais c’est joliment emballé, alors ça passe.

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  2. Personnellement, le point positif évoqué de la forme : l’ambiance et esthétique retro-futuriste, sont très inachevées. Hormis un travail (tout de même appréciable venant d’un Marvel) sur le design des costumes et de la tour des 4 fantastiques, le reste est presque à l’abandon. Particulièrement la mise en scène. Le capitalisme Américain qui ne peut s’empêcher de vouloir jouir d’un nombre d’entrées démesuré face à la qualité par le biais du marketing… Aucune prise de risque sur une esthétique visuelle vintagew avec du grain, des couleurs plus accentuées, bref que demander de plus à part que Marvel fasse sont taf jusqu’au bout en fait ?! Au lieu de nous bourrer de marketing mensonger …

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