SYNOPSIS
Dans les années 1980, au Havre, Alpha grandit seule avec sa mère, médecin dans un service hospitalier isolé. À treize ans, la jeune fille se retrouve mise à l’écart par ses camarades, victimes de rumeurs inquiétantes.

Le jour où elle arbore un mystérieux tatouage marqué de la lettre A, l’inquiétude de sa mère grandit et l’équilibre fragile de leur quotidien se fissure. Alors qu’Alpha subit un harcèlement de plus en plus violent à l’école, le retour de son oncle Amin, rongé par la maladie, vient bouleverser son univers.

NOTRE CRITIQUE
Après Grave et Titane, la cinéaste française Julia Ducournau est de retour sur les marches du Festival de Cannes pour présenter son nouveau bébé, après l’obtention d’une Palme d’or pour son deuxième long-métrage en 2021. Un retour attendu au tournant par la presse et les spectateurs. S’il y a bien un projet qui ne devait pas décevoir, c’était celui-ci.
Car un troisième long-métrage dans une carrière aussi prometteuse que celle de Julia Ducournau se doit d’être un tournant, un aboutissement et une montée en crescendo vers un pic de filmographie. Tout le monde lui mange dans la main, tout le monde est emballé, c’est le moment idéal pour réaliser le film qui fera tout valdinguer. Autant vous dire que la douche est froide, voire glaciale à notre sortie de salles Cannoise. Ce long-métrage se voit finalement être une déception totale ressemblant d’avantage à un téléfilm qu’à un véritable objet de cinéma qui sort des sentiers battus. Que l’on se le dise de suite : Alpha est un drame. Un drame avec un soupçon de genre en second plan. C’est ici que la frustration intervient, Julia Ducournau est connue pour bousculer les codes, questionner les foules, proposer du cinéma qui n’a jamais été vu auparavant. Grave et Titane étaient deux anomalies filmiques avec leurs narrations bien à elles. Ici, on se retrouve avec un drame noir tout aussi bien dans son esprit torturé que dans sa photographie bien trop terne. Un long-métrage bien trop classique qui ne cesse de combiner les défauts de premier film.

À trop vouloir reléguer sa menace sanitaire au second plan, le spectateur se verra dans l’obligation de terminer sa sieste dans cette salle de cinéma. Il faut dire que l’idée des statues de marbre était brillante et que l’on s’attendait à une montée en crescendo avec celle-ci, mais il n’en est rien. Quand le film essaie d’instaurer un sentiment de malaise ou d’oppression, le tout s’éclate comme une crêpe au bout de quelques secondes. La faute à un évident problème de rythme et de montage. On comptera tout de même sur Tahar Rahim pour sauver les meubles, malgré sa performance ultra lacrymale. Au delà de ça, Julia Ducournau nous sort les violons à tout bout de champ et n’hésite pas à augmenter le volume pour tirer les larmes de son pauvre public. Bien dommage pour tous les personnages secondaires qui ne trouvent jamais le temps de briller devant la caméra. Avec par exemple Emma Mackey, tout bonnement inexistante dans ce récit qui se perd bien trop souvent.
En avons nous trop mis sur les épaules de Julia Ducournau en si peu de temps ? Une Palme d’Or dès son deuxième long-métrage n’était pas un peu trop prématuré ? Il serait temps pour Julia Ducournau, réalisatrice hors pair, de s’éloigner des festivals pour proposer des projets plus personnels et probablement faire redescendre la notoriété qui commence à lui causer du tort…
EN DEUX MOTS
Un troisième film qui ressemble plus à un premier. En avons-nous trop mis sur les épaules de Julia Ducournau ? Terne, lacrymal, et peu ambitieux, toutes les planètes étaient pourtant alignées pour que son troisième projet soit celui de l’aboutissement, mais il n’en est rien.
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