CRITIQUE | FILM

PRIS AU PIEGE : punk in New-York !

Critique | De Charlie, prof en obésité morbide dans The Whale, à un barman ex-baseball raté dans Pris au piège, Darren Aronofsky change radicalement de terrain de jeu. Reste à savoir : le coup est-il réussi ?

SYNOPSIS

Avant de se retrouver derrière le comptoir d’un bar miteux new-yorkais, Hank avait une voie toute tracée : une carrière prometteuse dans le baseball et une relation idéale avec sa petite amie Yvonne.

© Pris au piège – Caught Stealing

Mais quand son voisin punk, Russ, lui demande de garder son chat le temps d’un voyage à Londres pour voir son père malade, Hank bascule malgré lui dans un engrenage où des gangsters impitoyables sont prêts à tout pour récupérer leur dû. Pris au Piège est l’adaptation du roman de Charlie Huston.

NOTRE CRITIQUE

Quand on évoque Darren Aronofsky, on pense immédiatement à la violence physique et psychologique (Black Swan, Mother!), et à la descente aux enfers de ses personnages. Pris Au Piège s’inscrit dans cette veine de chaos, mais cette fois au cœur d’un New York déjanté, offrant une proposition plus décalée dans son œuvre.

Là où le cinéaste a exploré l’horreur, le mélodrame psychologique, le biopic, la SF ou le thriller, il s’attaque cette fois à l’action et au crime, tout en affirmant sa patte artistique. Et comme toujours, le cinéaste ne laisse personne indifférent à la sortie de cette expérience. Reproché par certains pour l’intellectualisation de films comme Mother! (qui reste, à nos yeux, une réussite), π, ce trip mathématico-mystique, The Fountain, plongée métaphysique, ou Black Swan, psychodrame intense, Darren Aronofsky change ici de registre. Pris Au Piège ne repose pas sur une réflexion complexe, mais sur un propos immédiat et ressenti : course-poursuite, meurtre, argent… et chat. Le cinéaste ne se cantonne pas à un ton unique : il navigue entre une violence cette fois davantage physique, une comédie critique, et un renouveau du film de gangsters rappelant Snatch. Pour Austin Butler, en tête d’affiche, Pris Au Piège est l’occasion de démontrer une fois de plus l’étendue de son talent, même s’il n’a plus rien à prouver. Après Elvis et Feyd-Rautha, il abandonne les costumes de chauve des sables et de légende vivante pour incarner un Hank plus naturel, sans véritable changement physique.

© Pris au piège – Caught Stealing

Le film brille également par la richesse de son casting : Zoë Kravitz en petite amie stable, Matt Smith complètement déjanté, coiffé d’une crête qui surprend et l’éloigne de ses rôles de Doctor Who ou Daemon Targaryen, et enfin la présence étonnante de Bad Bunny… qu’on se demande encore ce qu’il fait là ! La force du film réside dans l’écriture de ses personnages atypiques, pseudo-brisés, à l’image de Hank, anti-héros meurtri en quête d’acceptation de ses traumatismes. Tout cela se fait au travers d’un divertissement assumé, qui ne sacrifie jamais sa profondeur. Darren Aronofsky maîtrise pleinement son cinéma : il double les travellings quand il le faut et orchestre avec virtuosité sa séquence de course-poursuite, enchaînant les décors d’un New-York d’antan, qu’il a lui-même arpenté, et qui nous plonge dans une douce nostalgie.

Un projet qui ne cherche pas à être singulier, mais qui permet au cinéaste américain de souffler après ses longs nœuds réflexifs, tout en se préparant à remettre le couteau dans un prochain film. Deux camps s’affrontent : ceux qui estiment que s’éloigner de ses habitudes le rapproche d’un cinéma mainstream sans identité, et ceux qui y voient une occasion de muscler sa créativité en explorant de nouveaux registres.

EN DEUX MOTS

Pris au piège est une comédie de gangsters survitaminée et légère, portée par un casting enthousiasmant, qui plonge dans un New-York des années 90 aussi délirant que décadent.

3,5

Note : 3.5 sur 5.


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