CRITIQUE | FILM

MARCHE OU CREVE : ça use les souliers

Critique | Décidément l’année 2025 appartient à Stephen King. L’auteur incontournable du roman noir essuie sa troisième adaptation cinématographique à seulement quelques mois d’intervalle. Et cette fois-ci c’est le réalisateur Francis Lawrence derrière la caméra.

SYNOPSIS

Dans une Amérique dystopique régie par un régime totalitaire, cent adolescents se portent volontaires pour une compétition implacable : une marche sans fin, encadrée par l’armée, où chaque arrêt est puni de mort. Seul le dernier survivant sera récompensé par une fortune et « le Prix », un vœu exaucé.Parmi les marcheurs, Ray Garraty, 16 ans, originaire du Maine, entame ce périple extrême au côté de jeunes garçons aussi déterminés que désespérés.

© Marche ou Creve

Au fil des kilomètres, les liens se tissent, les masques tombent, et la vraie nature de chacun se révèle. Mais dans cette épreuve où l’endurance physique rivalise avec la résilience mentale, une seule certitude demeure : pour gagner, il faut survivre.

NOTRE CRITIQUE

Après la déception The Monkey et l’énorme surprise made in Mike Flanagan The life of chuck, Stephen King est de retour avec une nouvelle tentative d’adaptation, cette fois autour de l’une de ses nouvelles les plus marquantes : Marche ou Crève.

À l’heure où les adaptations du maître de l’horreur se bousculent en salles -sans jamais vraiment trouver l’équilibre à quelques rares exceptions près-, le film de Francis Lawrence pouvait laisser espérer quelque chose. Fait-il la différence ? Eh bien non. Pas vraiment. Sans être un raté comme The Monkey d’Osgood Perkins en début d’année, Marche ou Crève sonne comme une adaptation assez vaine, et bien trop gentillette pour marquer les esprits. Pourtant adepte du genre du battle royale, le cinéaste connu pour avoir réalisé la majorité des très bons opus de la saga Hunger Games, peine à installer un rythme convenable à sa marche. C’est tout aussi plat et linéaire que le chemin emprunté par ces personnages servant pour la plupart de chair à canon. En fait, la tension n’arrive pas souvent à prendre le pas sur le récit. Malgré quelques rares fulgurances, trop brèves pour changer la donne, le film ne trouve jamais l’angle idéal pour raconter son histoire. Francis Lawrence est bridé par un Stephen King encore trop attaché aux mots de son propre bouquin. Ce qui n’empêche pas quelques libertés scénaristiques pas déconnantes, comme pour le final osé d’une tristesse infinie. De cette conclusion émerge une noirceur reflétant avec grande logique le climat politique et économique tendu outre-Atlantique.

© Marche ou Creve

Il faut dire que le gouvernement Trump en prend pour son grade ces derniers temps, et Marche ou Crève s’inscrit clairement dans cette tendance. D’une manière diabolique et parfois efficace, entre deux réflexions pseudo-philosophiques de PMU un peu trop forcées et un peu gratuites. Des dialogues qui arrivent comme un cheveu sur la soupe, sans véritable justification narrative. Un vrai point faible du film. Notamment lors de la mise en place du fil conducteur, qui s’enlise dans des lignes d’exposition lourdes, souvent émaillées de vulgarités gratuites qui semblent plus relever d’un excès de zèle que d’un choix d’écriture pertinent. Heureusement, Marche Ou Crève finit par se calmer de ce point de vue-là, laissant enfin place à la voix des personnages — et non à celle, trop visible, du scénariste. Et c’est justement dans ses personnages principaux que le film trouve son salut. Le duo de tête, porté par Cooper Hoffman et David Jonsson, est sans aucun doute le grand point fort du film. L’alchimie passe extrêmement bien et le développement de ces deux protagonistes est tout aussi solide que convaincant. David Jonsson continue d’impressionner après sa performance aussi inquiétante que nuancée dans Alien: Romulus. Il s’impose ici et vole la caméra à ses autres partenaires de jeu. Promesse d’une longue et belle carrière.

Mais malheureusement, cette énième adaptation King manque cruellement de quelque chose. Elle manque de péripéties, de tension, de développement quant à l’origine floue de son concept. La mécanique est bien trop huilée pour qu’elle puisse surprendre qui que ce soit. Et ce malgré son excellent final. Il serait enfin temps que Stephen King lâche du lest sur ses adaptations et laisse un peu plus de libertés à ses cinéastes.

EN DEUX MOTS

Portrait d’une jeunesse sacrifiée et reflet glaçant d’un climat politique américain toujours plus instable, la nouvelle adaptation de Stephen King arrive au bon moment. Est-ce qu’elle fait mouche ? Pas vraiment. On se console néanmoins avec quelques trouvailles scénaristiques et un duo d’acteurs convaincant.

3

Note : 3 sur 5.


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