CRITIQUE | FILM

PREDATOR BADLANDS : le fils illégitime de la saga

Critique | Après le sensationnel ’Prey’ en 2022, uniquement disponible sur Disney+, puis une incursion inattendue dans l’animation avec ’Killer of Killers’, le cinéaste américain Dan Trachtenberg continue d’explorer les sentiers battus de la saga Predator. Avec Predator Badlands, le chasseur revient enfin sur grand écran. Il était temps.

SYNOPSIS

Sur Yautja Prime, planète des chasseurs les plus redoutés de la galaxie, naît Dek, un être frêle méprisé par les siens. Fils du chef de clan Njohrr, il rêve de prouver sa valeur et d’effacer la honte de sa faiblesse. Dek jure de devenir le premier à vaincre le Kalisk, une créature mythique si monstrueuse qu’elle inspire la peur même aux Yautja.

© Predator Badlands

Trahi par son père, sauvé in extremis par Kwei au prix de sa vie, Dek est propulsé sur Genna, la « planète de la mort ». Là, dans un monde ravagé où la nature elle-même est une arme, il s’allie malgré lui à Thia, une androïde endommagée de la Weyland-Yutani Corporation, et à une étrange créature indigène. Ensemble, ils entreprennent une chasse impossible, celle de traquer le Kalisk, mais aussi échapper aux humains venus s’en emparer..

NOTRE CRITIQUE

Le retour de la saga Predator sur grand écran. Une bonne nouvelle pour les fans inconditionnels de gros chasseurs de proies sans limites. Et avec Dan Trachtenberg derrière la caméra, on pouvait légitimement être confiant.. On prend pour preuve, et pour garantie, le succulent Prey en 2022 et le détonant Killer of Killers en 2025.

Eh bien, pas tant que ça finalement. Celui qui avait concocté le terriblement jouissif Prey se rate ici avec Predator: Badlands, un film plus fidèle à Disney qu’à la saga originale. Comme si passer sur grand écran lui valait automatiquement un certificat de « divertissement tout public ». Moins gore, moins tranchant, et bon à faire quelques blagues par-ci, par-là. Un cahier des charges que Dan Trachtenberg respecte presque à la lettre, comme un petit soldat qui a peur du gros monstre Mickey. Comme si le cinéaste décidait de découper la saga Predator en différentes branches, en fonction des publics, selon les projets, et surtout selon les plateformes de diffusion. Bref, on innove, mais par le bas. On fait autre chose, mais sous les contraintes extérieures du cinéma. Car ici, Predator: Badlands tente d’humaniser le monstre iconique du cinéma, celui qui doit rester une menace ultime, symbole de l’impuissance de l’homme face à la nature et à l’inconnu. Le predator devient la proie, le predator devient l’humain. On s’intéresse à papa et maman, et on suit un préadolescent boutonneux dans sa quête de vengeance à travers les rites des Yautja. C’est quoi la suite ? Une sitcom avec les xenomorphes ?

© Predator Badlands

Mais si au moins Dan Trachtenberg nous offrait un gigantesque spectacle d’action (ce qui semblait être la promesse). Eh bien… pas tant que ça. Dès la première scène d’introduction, le film déçoit. Le combat est faiblard, brouillon, dans une obscurité confuse où les chorégraphies des Yautja se perdent dans les recoins d’une caverne sinueuse. Tout ça pour dire qu’on n’y voit rien. Eh puis là, on se parle de castagne, pas de chasse, ce qui est quand même un autre logiciel narratif pour du Predator. Puis vient enfin cette nouvelle planète pleine de dangers. Mais visuellement, c’est assez limité. Quelques décors inventifs, mais trop peu nombreux et jamais unifiés, ce monde manque cruellement d’identité, même si le danger, lui, semble bien réel. Elle Fanning, quant à elle, apporte une touche d’humour (une caution pour Disney), comme si le film n’osait pas être trop sombre. La menace principale finit par être celle des androïds, expédiée à la va-vite au détour d’une chasse aux Yautja pas vraiment exploitée. Au final, Predator: Badlands sauve sa carcasse avec une bande originale vraiment étourdissante, qui se marie parfaitement avec la « legacy » que Dan Trachtenberg tente d’invoquer. Mais malgré des intentions sans doute louables, le développement de la mythologie Yautja ne prend jamais. Trop éloigné du matériau de base, Predator Badlands trahit un peu sa promesse. On passe d’une menace ultime du 7eme art à un protagoniste un peu naïf et maladroit.. Et on se demande vraiment s’il y avait besoin d’en arriver là.

EN DEUX MOTS

Dan Trachtenberg humanise sa créature en misant sur la solidarité (et le pouvoir de l’amitié). Résultat : un film au ton très Disney, mesuré dans sa brutalité et plutôt sage en action, malgré les promesses que le réalisateur sème depuis Prey en 2022. Si c’est pour faire autant de concessions quand on revient au cinéma, ce n’est pas la peine..

2,5

Note : 2.5 sur 5.


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