GERALD LE CONQUERANT : mon vin, mon saucisson, mon Eboué

SYNOPSIS

Gérald s’est fixé pour objectif de rendre à sa région de cœur, la Normandie, tout son prestige. Obsédé par l’idée de bâtir le plus grand parc d’attractions de France dédié à Guillaume le Conquérant, duc de Normandie devenu roi d’Angleterre au XIᵉ siècle, il est prêt à repousser toutes les limites pour concrétiser ce projet démesuré. Gérald le Conquérant est un film français réalisé par Fabrice Éboué, sorti le 3 décembre 2025. Il adopte le format d’un faux documentaire.

NOTRE CRITIQUE

Gerald Le Conquérant, c’est une sorte de bonne idée de sketch de l’ancien Canal+. Un concept malin, qui rebondit intelligemment sur les sujets qui occupent l’espace médiatique depuis plusieurs années. Mais est-ce que Fabrice Éboué réussit à faire tenir cette idée comique, griffonnée sur un bout de papier, dans un long-métrage d’une heure et trente minutes ?

Mission accomplie à moitié, le lait de la vache est demi-écrémé, pas entier. Car avec Gérald le Conquérant, Fabrice Éboué se retrouve très vite à tourner en rond, multipliant les running gags sans vraiment faire avancer son schmilblick. Plus dommage encore, le potentiel comique fait le yo-yo selon les séquences, et on sent rapidement que le cinéaste a eu plus de mal à allonger son film, qu’à le raccourcir. Pourtant, Gérald le Conquérant nous emporte grâce à un comique de situation qui finit par prendre le dessus sur ses défauts. Si, vous aussi, vous êtes un bon gauchiste qui se respecte, vous prendrez un malin plaisir à vous moquer de ce personnage bêta, manipulé par tout l’imaginaire culturel qu’on lui a vendu. Le film devient une sorte de dystopie de l’assimilation. le fantasme rêvé de l’extrême droite, matérialisé comme un Idiocracy de l’identité française, ramenant aussi à des concepts et des valeurs complètement déconnectés. Sauf que ce constat, on l’avait déjà avant le visionnage.. Fabrice Éboué n’apporte pas plus d’éléments pour nous faire y croire ou développer ce récit.

Gérald le Conquérant devient alors très statique, bloqué dans son petit bourg normand, entre quelques bonnes vannes et d’autres plus faibles. Mais le cinéaste français tente plus de choses sur la forme. On l’a connu très audacieux dans l’écriture, ici, il s’essaie au docu-menteur, un dispositif qui ajoute un grain absurde à l’ensemble des situations. Ce faux reportage « Strip-tease « offre au comique (le vrai) un espace de création plus important, mais qui semble paradoxalement l’inhiber. Du coup, une série de sketches moins bien écrits, moins efficaces, qui misent beaucoup plus sur les regards caméra, les ruptures et l’expressivité des personnages secondaires. Mais pour le coup, l’arrière-plan est super intéressant. Entre ce beau-fils déclencheur des plus grands fous rires, et une mise en scène qui capte avec justesse les décors ancrés dans notre imaginaire « simpliste » de la France provinciale, le film propose une immersion à la fois décalée mais totale. Ca joue avec les clichés de bout en bout. Au final, Gérald le Conquérant est peut-être un film plutôt mineur dans le paysage 2025, mais loin d’être anodin dans la filmographie de Fabrice Éboué. Non pas parce que le cinéaste serait moins talentueux que d’autres, mais parce qu’il construit, film après film, un panorama cohérent et profondément contemporain de la comédie française. Après Barbaque en 2021 qui était déjà un franc succès, par exemple.

EN DEUX MOTS

3,5

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