CRITIQUE | FILM

WAKE UP DEAD MAN : miracle signé Rian Johnson

Critique | Rian Johnson sur le retour ! Le cinéaste controversé pour son épisode VIII de Star Wars et adulé pour d’autres projets plus alambiqués comme ’Looper’, revient derrière la caméra pour mettre en place le troisième volet des enquêtes de Benoit Blanc dans la saga ’À couteaux tirés’.

SYNOPSIS

Ancien boxeur devenu prêtre, Jud Duplenticy est muté dans une paroisse isolée du nord de l’État de New York après un accès de violence. Il y découvre une communauté fermée, dominée par le charismatique et inquiétant monsignor Jefferson Wicks, dont les sermons radicaux ont fait fuir la plupart des fidèles.

© Wake Up Dead Man

Lorsque Wicks est retrouvé assassiné dans l’église, dans des circonstances impossibles, Jud devient le principal suspect. Appelé en renfort, le détective Benoit Blanc mène l’enquête au cœur d’un groupe de paroissiens rongés par les secrets, les rancœurs et les ambitions. À mesure que la vérité se trouble, l’affaire révèle bien plus qu’un meurtre : une lutte entre foi, pouvoir et rédemption, où chacun devra répondre de ses péchés.

NOTRE CRITIQUE

Rian Johnson est de retour avec sa saga fétiche (et on ne parle pas de Star Wars). Après un premier film aussi excellent qu’inattendu, sorti en 2019 juste avant la pandémie, la saga A Couteaux Tirés a été reprise par le géant du streaming Netflix, et ce malgré le succès commercial de cette première enquête. Un deuxième volet a suivi en 2022 avec Glass Onion, tout aussi bon, voire potentiellement meilleur que son prédécesseur. Rian Johnson est un magicien du scénario et a trouvé sa voie avec cette succession d’enquêtes qui redéfinit la forme des whodunit.  Wake Up Dead Man, troisième murder mystery, ne fait pas exception et confirme une nouvelle fois que le réalisateur est un auteur hors normes.

Il n’avait déjà plus rien à nous prouver. Rian Johnson a toujours été un cinéaste fascinant à suivre et un scénariste hors pair. Son Épisode VIII en est encore aujourd’hui une belle preuve. L’un des meilleurs films de la franchise de George Lucas, de par sa fougue et son envie de tout envoyer valser. C’est inné chez Rian Johnson, c’est sa marque de fabrique, et très souvent pour le meilleur. Toujours doté d’un casting cinq étoiles, ce troisième volet met en avant Josh O’Connor, qui succède à Ana de Armas et Janelle Monáe. Un prêtre bagarreur sur le chemin de la rédemption et grand accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis. C’est ici que Benoit Blanc rentre en scène. Après quarante minutes d’introduction un peu longuettes, qui manquent de panache et surtout du sarcasme irrésistible de Daniel Craig avec son accent à tomber par terre. Un véritable plaisir de retrouver ce personnage incarné avec brio par le comédien anglais, qui semble toujours autant s’amuser après des années de carrière assez pénibles. Malgré tout, on sent le personnage en retrait dans Wake Up Dead Man. Qu’il soit à l’écran ou non, Benoit Blanc figure bel et bien en arrière-plan et se retrouve dans l’ombre de Josh O’Connor. Néanmoins, ses apparitions font mouche et sont dans la continuité de ce qui s’est fait précédemment avec ce personnage, souvent impertinent dans sa tonalité humoristique. Impossible, également, de ne pas saluer les costumes confectionnés par Jenny Eagan. La nouvelle direction artistique, bien que surprenante, se fond dans ce décor gothique qui donne encore plus de relief à l’ambiance que veut instaurer Rian Johnson à son récit religieux.

© Wake Up Dead Man

Dans Wake Up Dead Man, on retrouve un récit semé d’embûches, qui manque cependant de vitalité. Les personnages secondaires souffrent d’un temps à l’écran trop réduit pour se faire pleinement connaître. Le talent d’Andrew Scott et de Cailee Spaeny par exemple, est un peu trop mis sur le banc de touche. Dommage quand on sait de quoi ces comédiens sont capables. Heureusement, parmi les seconds rôles, il est bon de retrouver Glenn Close, mais également un retour surprenant de Thomas Haden Church (l’homme sable du Spider-man 3 de Sam Raimi). Une pléiade de personnages hauts en couleur comme Rian Jonhson sait les écrire, lorgnant avec un paquet de thématiques politiques brûlantes d’actualité. Le tout combiné au cœur d’une église mystérieuse où le sens de la foi est sans cesse interrogée, portée par un esthétisme soigné et une mise en scène aux petits oignons. Le pouvoir du storytelling y trouve son petit effet. Le monologue de Benoit Blanc sur le sens de la religion impressionne par sa maîtrise technique, et son face-à-face avec Josh O’Connor est ultra convaincant. Wake Up Dead Man est peut-être le moins bon de la trilogie, à cause notamment de son rythme, mais il est sans contexte celui qui a le plus de cœur et celui qui détient le personnage principal le plus attachant.

Josh O’Connor excelle dans le rôle du prêtre intègre, et cette enquête aux multiples points de vue, qui le dépasse sans cesse, offre un trésor narratif aux nombreuses grilles de lecture. Les visionnages qui suivent le premier sont bien plus révélateurs et ludiques pour le spectateur. Rian Johnson prend le soin d’inclure tellement d’éléments dans son long-métrage.. Une qualité trop rare dans les Whodunit du moment pour qu’on puisse oublier de la souligner. Rian l’a encore fait.

EN DEUX MOTS

Rian Johnson continue dans sa parfaite lancée avec un troisième film plus humain et plus calme. Porté par son lot de protagonistes irrésistibles qui gravitent autour d’une enquête fascinante, elle-même abordant des thématiques sublimées par une mise en scène léchée et un scénario plein de fougue. 

3,5

Note : 3.5 sur 5.


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