CRITIQUE | FILM

MONKEY MAN : les yeux plus gros que le ventre

Critique | Après avoir gagné des millions pour Danny Boyle, incarné un prince du feu dans l'infâme 'Dernier maître de l’air', ou encore un chevalier dans le sublime 'The Green Knight', Dev Patel semble vouloir passer à la vitesse supérieure en se lançant dans l’écriture, la production, la réalisation et l’incarnation de son propre film. Cela s'appelle 'Monkey Man' et c'est débordant d'envie... Peut-être un peu trop.

SYNOPSIS

Dans cette histoire captivante située à Bombay, Kid, fraîchement libéré de prison, se confronte à un monde corrompu, où la cupidité des entreprises règne et les valeurs spirituelles se perdent. Déterminé à venger la mort de sa mère et son injuste emprisonnement, il se lance dans une quête vengeresse.

© Monkey Man

Sous le pseudonyme de Bobby, il s’infiltre dans le monde clandestin des combats et des affaires pas très très légales. Tout au long de son périple, Kid croise des alliés inattendus, affronte des ennemis redoutables et découvre (forcément) le vrai sens du courage et de la justice.

NOTRE CRITIQUE

Avec un tel scénario, et après avoir visionné la bande-annonce, il est compliqué de ne pas faire une comparaison évidente avec John Wick, qui est d’ailleurs littéralement mentionné dans le long-métrage.

Une séquence qui permet à Dev Patel (réalisateur et acteur pour ce film) de mettre les choses au clair : Non, Monkey Man n’est en rien l’une de ces mauvaises répliques du tueur à gages au costume bien taillé, et c’est là toute la force du film. À l’opposé du professionnel repenti, Dev Patel incarne un « monsieur tout le monde » bien plus sensible, un représentant du peuple en perte totale de contrôle, qui ne vit que pour la vengeance, le poussant à commettre des erreurs. Des traits de personnalité mis en évidence par une réalisation réfléchie et cohérente, que ce soit au travers de son esthétique tout en contraste ou par ses plans courts et serrés en caméra épaules, qui se stabilisent à mesure que le personnage évolue. Une mise en scène qui va de pair avec le traitement des séquences de combat. En gros : brutales et énervées. Mais aussi rythmées par une bande originale savoureuse, allant de la musique classique au Heavy Métal en passant par la Pop, renouant ainsi avec un cinéma d’action que l’on pensait très loin. De toute évidence, Dev Patel fait preuve d’une volonté de bien faire pour nous offrir un film qui tient ses promesses, et cela fait plaisir à voir.

© Monkey Man

Mais à force de trop en vouloir, le long-métrage finit par se laisser emporter dans les travers du « premier film ». Incapable de faire des choix, Dev Patel a envie de transposer en seulement deux heures toutes ces influences qu’elles soient cinématographiques, culturelles ou bien encore politiques, se noyant ainsi dans sa propre narration. Oui, parce que l’on y retrouve du cinéma Hongkongais, de même que du cinéma Coréen, Bollywoodien, en passant par la mise en scène Indonésienne de The Raid et l’écriture de Rocky. Le tout enveloppé de mythes hindouistes et de messages sociaux, visant directement le gouvernement Indien. Le souci, c’est qu’il ne parvient jamais à structurer ses idées, en plus d’être constamment dans la surenchère, ce qui pousse le récit vers l’inutile et rend parfois le rythme assez pesant. Si on ajoute à cela l’écriture peu convaincante des personnages secondaires et certaines séquences peu lisibles en raison de ses idées de mise en scène pas toujours bien maîtrisées, Monkey Man est un premier film honnête, mais qui se laisse bien trop submerger par ses ambitions. Prime Vidéo

EN DEUX MOTS

Dev Patel signe un premier film honnête, plein de bonnes intentions et qui regorge d’influences. Les scènes d’action sont fidèles à leurs promesses, la mise en scène est plutôt intelligente et l’esthétique est soignée. Mais à vouloir trop en mettre, il se noie dans une abondance d’idées qui mènent à l’incohérence (et à l’ennui).

3

Note : 3 sur 5.


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