ÇA RACONTE QUOI ?
En Australie dans le milieu des années 90, Nitram vit chez ses parents, où le temps s’écoule entre solitude et frustration. Alors qu’il propose ses services comme jardinier, il rencontre Helen, une héritière marginale qui vit seule avec ses animaux. Mais dans le domaine de la marginalité, c’est bien Nitram le champion. Un jeune homme perturbé et gavé aux antidépresseurs, esseulé dans sa campagne profonde où il peine à s’intégrer socialement.

Ensemble, ils se construisent une vie à part. Mais quand Helen disparaît tragiquement, la colère et la solitude de Nitram ressurgissent. Commence alors une longue descente qui va le mener au pire. Ce long-métrage s’inspire de la tuerie de Port-Arthur, une fusillade qui s’est déroulée le 28 avril 1996 et qui fit 35 morts et 23 blessés.

NOTRE HUMBLE AVIS
La naissance du mal est au cœur de ce nouveau long-métrage de Justin Kurzel. D’une extrême noirceur, ce récit embarque le spectateur dans une descente aux enfers qui se dessine de minute en minute.
Le cinéaste propose ici une histoire bien plus complexe qu’elle en a l’air. Grâce à un personnage principal totalement en marge de notre société et de sa famille, Justin Kurzel expose en fil rouge du récit les différentes failles de l’Australie. La première partie du film met en lumière de réels enjeux familiaux avec ce triptyque de personnages au quotidien difficile, perdus chacun à leur manière dans une vie qui les frustre, les déçoit ou les angoisse. On constate dès les premières minutes la place de Nitram au sein de ce foyer, et les conséquences de ses comportements subies par son père et sa mère. Pour autant, le réalisateur ne présente pas plus de détails sur le traumatisme de ce garçon, ce qui va clairement mettre en porte-à-faux le spectateur, cherchant des réponses pour qualifier les actes du jeune homme à chaque instant. Quelques éléments manquent à l’appel pour comprendre pleinement la situation désastreuse de cette famille.

La deuxième partie du long-métrage prendra une direction toute aussi avare. Le personnage d’Helen fait son apparition, mais encore une fois, on peine à comprendre les tenants et les aboutissants. Certes, Helen apparaît comme une présence apaisante pour Nitram : elle le calme, elle l’anesthésie jusqu’à lui proposer d’emménager chez elle. Mais on expose que la surface de leur relation. Le réalisateur joue même avec cette ambiguïté lors de la rencontre entre Helen et la mère de Nitram. Enfin, la dernière partie est beaucoup plus critique, avec une attaque frontale (et méritée) sur le port d’armes et la multiplication de l’arsenal sur le territoire australien malgré les nouvelles restrictions. Pour ces trente dernières minutes, la descente aux enfers est le nouveau personnage principal, et Nitram sombre petit à petit pour commettre une atrocité sans nom. Le film évite ingénieusement le sensationnalisme avec une caméra en retrait et centrée sur le manque d’émotion et d’empathie du personnage. Des séquences glaçantes à la fois avant comme après son acte de barbarie.
En résumé, Nitram n’est clairement pas un mauvais film. En revanche, il aura du mal à embarquer des spectateurs concernés jusqu’à sa conclusion. Quelques légères baisses de rythme et beaucoup trop de sujets sur la table pour si peu d’éléments de réponse laisseront un public sur sa faim.
EN DEUX MOTS
Malgré ses bonnes intentions, ce long-métrage se perd dans un récit laborieux à la mise en scène trop clinique. Le message est tout de suite moins impactant, même si on retiendra la bonne performance de Caleb Landry Jones
2,5
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