SYNOPSIS
Julie, accompagnée de sa mère âgée, vient prendre quelques jours de repos dans un hôtel perdu dans la campagne anglaise. La jeune femme, réalisatrice en plein doute, espère y retrouver l’inspiration ; sa mère y voit l’occasion de faire remonter de lointains souvenirs, entre les murs de cette bâtisse qu’elle a fréquentée dans sa jeunesse.

Très vite, Julie est saisie par l’étrange atmosphère des lieux : les couloirs sont déserts, la standardiste a un comportement hostile, et son chien n’a de cesse de s’échapper. La nuit tombée, les circonstances poussent Julie à explorer le domaine. Elle est alors gagnée par l’impression tenace qu’un indicible secret hante ces murs.

NOTRE CRITIQUE
Difficile de ne pas être déçu par Eternal Daughter. En effet, les grands noms autour et le thème abordé nous ont peut-être trop faits de l’œil, il n’empêche que l’on n’a pas été entièrement séduit par la proposition finale.
Ce nouveau projet de Joanna Hogg est un film au rythme très lent, ce qui n’est absolument pas une mauvaise chose quand tout cela est bien maîtrisé. Mais ici, c’est un cas assez compliqué, car on sent les bonnes intentions de la réalisatrice (qui veut rester fidèle à elle-même), mais sans réussite totale. Chaque scène est étrange, que ce soit dans le cadrage ou le jeu très perturbant de Tilda Swinton, on est constamment dérangé par un “quelque chose” qui n’est pas tangible, mais qui ne quitte jamais le film. Une chose est indéniable, il y a une vraie volonté de travail sur l’ambiance, très précise, parfois aussi sobre qu’éclatante au visage. Entre les couleurs assez ternes, le brouillard de la nuit ou encore le vide de l’hôtel, on sent une profonde inspiration aux œuvres d’Edgar Allan Poe, similairement à Twixt de Francis Ford Coppola ou plus récemment The Pale Blue Eye de Scott Cooper. On y retrouve ces tons sombres, bleutés, comme s’il y avait toujours quelque chose qu’on ne pouvait pas voir au premier coup d’œil, et pourtant constamment présent.

Chaque plan est clinique, les dialogues sont principalement filmés en face-à-face, portés par des acteurs au jeu particulier, pas nécessairement faux, mais paraissant très froid et naïf en même temps -comme le jeu d’un jeune enfant. Malheureusement, on ne sait jamais trop où le film veut aller, à vouloir prétendre être une histoire de fantôme qu’on ne ressent que trop rarement, alors que l’on voit bien que c’est ce que le film veut nous faire vivre. Mais au final, il se perd dans la relation mère-fille, qui est certes fondamentale, mais va prendre le dessus sur la forme et faire oublier la promesse initiale. Alors que les deux devraient ne faire qu’un, le film se rappelle parfois de ce qu’il souhaite mettre en place avec quelques plans intéressants ici et là. Pire encore, il pense nous étonner avec un twist presque déplorable, bien que déchirant dans son contexte, comme pour nous crier dessus sans aucune subtilité. Dommage, car le potentiel d’Eternal Daughter est bien présent, on ne doute pas un instant des nobles intentions de la réalisatrice, mais ce ne sera malheureusement pas suffisant pour nous convaincre.
EN DEUX MOTS
Eternal Daughter est un film bourré de bonnes idées mal exploitées. Que ce soit visuellement ou même scénaristiquement, on n’arrive jamais à pleinement rentrer dans ce récit décousu et d’une lenteur effrayante. Même Tilda Swinton échouera à sauver le film. Raté ou peut-être mal compris, on n’en reste pas moins déçu.
2,5
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