CRITIQUE | SERIE

DAREDEVIL : le diable s’habille en Zara

Critique | Plus de six ans après avoir raccroché le costume chez Netflix, le Diable de Hell's Kitchen reprend du service du côté de chez Disney dans une quatrième saison pleine de promesses. Mais ont-elles toutes été tenues ?

SYNOPSIS


Daredevil: Born Again est une série télévisée américaine diffusée depuis le 4 mars 2025 sur Disney+. Créée par Matt Corman, Chris Ord et Dario Scardapane, elle s’inscrit dans la cinquième phase de l’univers cinématographique Marvel.

© Daredevil: Born Again

On y suit Matt Murdock, un avocat aveugle aux facultés hors du commun, qui défend la justice tant dans son cabinet d’avocats en pleine effervescence que dans les rues de New York. Parallèlement, Wilson Fisk, ancien baron du crime, nourrit de nouvelles ambitions politiques. Alors que leurs passés respectifs ressurgissent, un affrontement inévitable se profile entre les deux hommes..

NOTRE CRITIQUE

C’est peu de dire que ce revival était attendu au tournant. C’est compréhensible, car le début de cette série sur Netflix était très certainement ce que Marvel avait fait de mieux à la télévision. Un programme sombre et violent basé sur des enjeux solides, une interprétation mordante et des idées de mise en scène captivantes.

Donc, forcément, quand Disney a annoncé qu’il voulait s’approprier tout cela pour l’intégrer dans son univers de super-héros dépérissant, l’angoisse était au maximum. Et ce n’est pas l’anecdotique apparition de Charlie Cox dans Spider-Man : No Way Home, ni la ridicule sous-intrigue humoristique du personnage dans She Hulk, qui pouvaient nous mettre en confiance. Qu’on l’ait désiré ou non, c’est maintenant avec le sous-titrage « Born Again » que la série a repris pour une quatrième saison, établissant les bases dès les toutes premières minutes de l’épisode un. Dès ses premières séquences, elle démontre son désir de s’adapter au format initial, ce qui est plutôt rassurant et agréable. Même si on se rend vite compte que du point de vue technique, on sera très éloigné de ce que Netflix nous avait offert. Les effets numériques sont absolument immondes, la photographie est bien moins soignée, et les scènes de combat en plan-séquences qui avaient fait la renommée des saisons précédentes sont, ici, totalement ratées. Néanmoins, la violence et la noirceur tant espérées sont bel et bien présentes. Ce qui, compte tenu des autres séries de Marvel, n’est pas pour nous déplaire et laisse présager que du bon. Bien que cela soulève la question du positionnement de cette saison dans la grande famille du MCU, étant donné que le Daredevil de Born Again est à des années-lumière de sa représentation parodique dans She Hulk. Dans quel monde ces deux justiciers peuvent-ils être les mêmes ? Mais qu’à cela ne tienne, partons du principe que l’on a déjà tous oublié cette idylle ridicule avec cette grande asperge verte, et concentrons-nous sur cette version bien plus torturée du démon rouge. Après tout, c’est aussi ça Marvel : bazarder ce qui ne nous intéresse plus quand on le souhaite.

© Daredevil: Born Again

Parce qu’il semblerait que Disney ait vraiment décidé de faire les choses correctement. Une fois n’est pas coutume, il nous offre un véritable développement de personnage. Une saison qui se concentre davantage sur Matt Murdock que sur son alter ego, ayant pris la décision de prendre une retraite super héroïque méritée. Un choix logique, qui explique pourquoi il n’est pas présent dans l’univers Marvel, et intéressant dans la montée en tension des enjeux qui le poussent à reprendre du service. Tout cet aspect est bien géré, en utilisant des similitudes avec son adversaire principal, Le Caïd, dont les similitudes avec le justicier aveugle offrent un récit global captivant. De plus, les autres antagonistes, bien employés et jamais utilisés de manière excessive, contribuent à renforcer la tourmente de l’avocat. Une écriture axée sur la quête d’identité et sur le sens de la justice, qui ajoute au catalogue Disney une série plus mature et plus profonde. Chose que l’on espérait plus, même si, soyons honnêtes, tout n’est pas non plus synonyme de perfection. On regrette en particulier une intrigue politique bien trop superficielle et un traitement bien trop hâtif des personnages secondaires. Frank Castle / Le Punisher (Jon Bernthal) et Karen Page (Deborah Ann Woll) auraient mérité une présence plus accrue et des développements moins frivoles.

© Daredevil: Born Again

Malgré tout, on possède au moins une série intéressante qui se tient dans la durée, ce qui est déjà remarquable de la part de la société aux grandes oreilles. Surtout, une série qui prend le temps de mettre en place ses enjeux et ses fondements, sans jamais se détourner. Enfin presque jamais, la série s’offre malgré tout un petit détour futile en cours de route (épisode 5) pour raccrocher les wagons, notamment avec Miss Marvel. Une pause dans la montée en tension qui perturbe inutilement le rythme et qui repose sur le principal défaut de cette saison : sa gestion des séquences d’actions. Pendant la diffusion de la saison, on a pu lire ici et là que les fans étaient vraiment mécontents de ne pas avoir assez de Daredevil. En observant comment les séquences d’actions sont mises en scène, on pourrait penser que c’est plutôt une force. C’est la véritable faiblesse de ce revival. Contrairement à Netflix qui le maîtrisait à la perfection, Disney est incapable de produire une séquence d’action lisible, charcutée dans un montage aléatoire. Toutes les séquences se voulant « Bad Ass » sont ratées, manquant cruellement d’idées créatives et de soins pour nous faire frissonner. Le constat est particulièrement évident dans le dernier épisode, tellement laid et bâclé qu’il ne parvient pas à nous faire ressentir une quelconque émotion.

Un final qui échoue dans toutes ses scènes de combat, gâchant partiellement tout ce que les huit épisodes précédents ont tenté de mettre en place. Si l’on en croit les fondements établis dans cet épisode pour la seconde saison, il semblerait qu’elle vise à poursuivre cette conclusion décevante. Attendons de voir, mais si c’est le cas, la bonne surprise aura été éphémère.

À retrouver sur Disney Plus

EN DEUX MOTS

Malgré un niveau de technicité inférieur à celui de Netflix, en particulier dans les séquences d’action manquant d’inventivité et de soin, cette quatrième saison est une agréable surprise. La série retrouve la noirceur des premières saisons, dans un récit parfois maladroit, mais qui a le mérite d’être posé et approfondi.

3,5

Note : 3.5 sur 5.


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