CRITIQUE | SERIE

MERCREDI S2 : les ados crisent, elle dissèque

Critique | La sortie de cette deuxième saison de Mercredi suscite à la fois curiosité et méfiance. Curiosité, car Tim Burton derrière la caméra promet toujours une esthétique sombre et singulière. Méfiance, car adapter un personnage culte de la famille Addams peut vite tourner au simple produit dérivé..

SYNOPSIS


À Nevermore, Mercredi Addams revient auréolée d’une réputation qu’elle n’a jamais vraiment désirée. Très vite, ses visions prennent une tournure inquiétante et la plongent dans un nouveau mystère où l’avenir de ses proches semble menacé.

© Mercredi – Saison 2

Les secrets enfouis de la famille Addams refont surface et les inimitiés se multiplient autour d’elle, Mercredi est forcée d’affronter autant ses peurs que son héritage. Dans un climat plus sombre et plus intense que jamais, elle devra décider jusqu’où elle est prête à aller pour protéger ceux qu’elle aime, sans jamais trahir la part d’elle-même qui fait toute sa singularité.

NOTRE CRITIQUE

Est ce que dans cette suite de Tim Burton arrivera à s’approprier l’univers sombre et satirique des Adams qui lui convient à la perfection ou tombera-t-elle dans le piège de la série pour ados trop formatée ? Jenna Ortega, toujours glaciale et à la répartie acérée, reprend son rôle d’anti-héroïne, pourtant cette fois, elle sera moins le centre de l’univers Addams. Car les autres membres de la famille auront eux aussi droit à leurs intrigues. L’ambition Netflix est tangible : la famille s’étend, les mystères se multiplient.

Dès les premières minutes, on est toujours happé par cette atmosphère gothique, ce côté décalé, cette ironie macabre et ce mélange de fantastique et d’humour grinçant. On sent que Tim Burton et son équipe cherchent à séduire une nouvelle génération (au hasard la présence maladroite de réseaux sociaux) tout en respectant l’héritage de cette famille haute en noir et blanc. La saison 2 de Mercredi est avant tout un festin visuel. Chaque plan respire la patte gothique, entre brouillards brumeux, costumes victoriens et décors majestueux. On se laisse submerger par cette élégance, même si parfois, elle devient étouffante voire de mauvais goût. Car cela va sans dire que la principale force de la série réside dans son esthétique, certains choix très kitschs peuvent laisser dubitatifs, mais on ne peut nier une attention particulière aux moindres détails. Fidèle à la patte de Tim Burton, les décors oscillent entre romantisme noir et fantaisie macabre et rien que part son motif rayé noir et violet Mercredi est directement identifiable. Il y a également les couleurs désaturées, les contrastes forts, tout dans la direction artistique concourt à plonger le spectateur dans une ambiance macabre et l’on retrouve ce goût de l’étrange propre à Burton qui a fait le succès d’Edward aux mains d’argent, Sleepy Hollow ou plus récemment Beetlejuice. Dans cette deuxième saison, on ressent que le réalisateur a eu les mains plus libres et que sur beaucoup de points, on est plus proche de son tout dernier film que de la première saison de Mercredi. On ne peut ignorer les moults clins d’œil à son univers que ce soit au travers des intrigues (le pouvoir héréditaire de sorcière et l’enquête à la Sleepy Hollows, la partie en stop Motion qui rappelle Le noël de Mr. Jack ou Frankenweenie), le choix des personnages (savant fou, cadavre revenu à la vie, femmes fatales macabres), beaucoup d’éléments rappellent la filmographie de son créateur.

© Mercredi – Saison 2

Autre point fort notable : le casting, car on retrouve Steve Buscemi et Lady Gaga, même si cette dernière n’a que cinq minutes de temps d’écran et fait plus office d’argument promotionnel pour la deuxième partie. Jenna Ortega incarne toujours parfaitement Mercredi. Son jeu précis, très minimaliste dans les expressions (elle ne cligne effectivement à aucun moment des yeux) donne vie à un personnage qui aurait pu facilement paraître caricatural. Elle réussit à rendre attachante une héroïne antipathique, à coups de répliques cinglantes et de regards assassins et insuffle de l’humanité à Mercredi sans que cela paraisse forcé. Mais ces fulgurances sont souvent noyées sous un amas d’intrigues secondaires, de personnages sous-développés et une écriture parfois bancale comme une tentative de satisfaire tous les registres (horreur, drame familial, teen drama) au risque de brouiller le spectateur. Entre l’amitié Enid et Mercredi que tout oppose, une menace surnaturelle, une secte mystérieuse, des corbeaux meurtriers, body-swap loufoque, conflit mère/fille et révélations familiales : tout fuse dans tous les sens. On est englouti par cette surabondance. D’autant que si certains épisodes brillent, notamment l’épisode 5 et 6, plus concentrés sur des confrontations fortes ou des twists inventifs, la plupart souffrent d’un problème de rythme et d’enjeux crédibles qui empêche le spectateur de véritablement s’impliquer. Le scénario souffre parfois d’une mécanique trop scolaire, trop conciliante (pour plaire à un jeune public). Le choix d’inscrire Mercredi dans une enquête surnaturelle, qui était déjà le cas de la première saison, est assez prévisible.

On y retrouve des codes classiques du genre : un triangle amoureux surexploité, une école mystérieuse, des rivalités adolescentes un peu ridicules. On a le sentiment que la série cherche surtout à cocher le plus de cases possibles. Malgré cela, la plume conserve une certaine ironie mordante, fidèle à l’esprit Addams. Les dialogues sont souvent piquants, et certaines situations flirtent l’absurde avec brio. Néanmoins, cette saison 2 reste une suite qui réussira à plaire au plus grand nombre et parvient à faire évoluer ses personnages, même si elle se perd par son foisonnement d’intrigues. On peut aussi être vite agacé par ses concessions au format Netflix, ses intrigues parfois trop calibrées et ses archétypes de teen-drama. Néanmoins, le casting est bon et Jenna Ortega reste parfaite dans son rôle, amenant une intensité bienvenue dans cette série un peu prévisible et formatée.

À retrouver sur Netflix

EN DEUX MOTS

Une deuxième saison réussie, mais écorchée par une narration parfois trop touffue. La richesse plastique qu’insuffle Tim Burton au projet divertit, l’humour noir est omniprésent, et les clins d’œil à l’univers Addams font toujours autant plaisir.

3,5

Note : 3.5 sur 5.


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