Ca raconte quoi ?
Nous avons le droit à une nouveau film Pinocchio et celui ci n’est pas produit par Disney. Une adaptation qui reprend plus exactement le récit du conte de Collodi. Il y a dans donc quelques modifications pour donner lieu à un scénario plus adapté pour le cinéma. Mais l’histoire reste la même : Geppetto, l’ébéniste qui répare des chaises Ikéa, vit seul dans une village de moins de 50 habitants (sûrement en zone verte pour le déconfinement). Après avoir vu un chariot rempli de pantins en bois, il se met à rêver d’en construire un. Il récupère donc un morceau de bûche magnifique, pas le genre que tu coupes dans Animal Crossing. Mais il s’avère que celui-ci est enchanté.. euuuh possédé pardon. Et vu que Geppetto n’a pas de meuf, il va se faire un enfant avec cette bûche. Enfin, comme l’aurair fait un ébéniste et non pas un pervers sexuel.

Et hop magie : Pinocchio. Un petit bonhomme en bois qui parle. Et d’ailleurs ça choque personne dans le village, à croire qu’ils sont tous sous MD. Tu en as deux trois qui trouvent ça bizarre pendant 2 min, et hop après ils retournent manger des patates et compter les fraises. Tout va bien dans le meilleur des mondes. Par contre, Pinocchio ce n’est pas l’enfant modèle, loin de là. C’est plutôt un petit emmerdeur. Le gars se barre H24, ne va pas à l’école et préfère aller voir des spectacles de marionnettes. Et en plus de ça, il vole et c’est le plus gros mytho du village. Donc autant vous dire qu’avec ce beau mélange, il va lui arriver plein de mésaventures et son daron le fragile va le chercher jusqu’au bout du monde (rarement vu un mec aimer autant un bout de bois depuis Harry Potter). Enfin bref, vous connaissez tous un peu près l’histoire j’imagine. Ce nouveau film est réalisé par Matteo Garrone (qui a également fait Dogman ou Gomorra) et avec le fameux Roberto Benigni dans le rôle de Geppetto

Notre humble avis
On parle bien de Pinocchio là ? C’est un film pour enfants ? Non parce que là, vous montrez ça à un enfant de 12 ans et il fait des cauchemars la nuit et commence à convulser dès qu’il voit un escargot ou un renard. Les créatures dans ce film sont effrayantes, je suis encore choqué. On dirait vraiment un film d’horreur parfois. Après, le film n’est pas mauvais, il est plutôt bon mais il faut bien comprendre à qui il est destiné. Ce n’est pas un film grand public, loin de là. Dans la continuité de la filmographie de Garrone, ce film est sur un rythme très lent et a une couleur très sombre et poisseuse. En gros, vous allez pas vous marrer comme si vous regardiez la dernière comédie raciste française #Questcequonafaitaubondieu. Non, là vous allez presque ressentir de la pitié. Et cela pour tous les personnages, mais en particulier pour Geppetto. Car lui, c’est fantastique. On dirait une campagne publicitaire pour UNICEF. Tu montres sa gueule sur les caisses automatiques du Monoprix et on donne direct nos 30 cents restants à une association italienne. Bref, un film bon mais qui va surtout marquer un public averti. Le rythme est trop lent, donc si vous n’aimez pas le cinéma de Garrone, vous allez vite décrocher. Et je le rappelle, les personnages sont parfois effrayants. J’ajoute une image du personnage du Grillon juste en dessous. Est-ce que, comme Pinocchio, vous accepteriez que cette personne soit votre coach de vie personnelle ?

Par ailleurs, le scénario n’aide pas du tout à rester attentif. Le film est raconté comme si c’était une pièce de théâtre, on a l’impression de passer d’une séquence à une autre sans forcément construire tout l’aspect émotionnel entre les personnes. Exemple : l’affinité entre Geppetto et Pinocchio qui se fait en 2 min. Apres c’est logique, c’est tiré d’un conte donc forcément l’histoire est plus « magique » que réaliste. Mais justement c’est difficile d’adhérer à cette idée avec cette adaptation. Et pour l’histoire, bah Pinocchio va enchaîner les mésaventures. Donc on se fait vite chier, surtout si on connait déjà les autres Pinocchio. Il faut aussi ajouter qu’au delà de son faciès, Pinocchio est vraiment le genre de gamin que tu as envie de tarter dans une salle d’attente. Le genre de gosse pourri gâté qui ne respecte rien. En plus, Geppetto est beaucoup trop gentil avec lui. S’il était riche, il lui aurait déjà acheté un cheval. Le gars est prêt à se couper un bras pour son morceau de bûche qui parle. Pourtant je vous jure, ce gamin est exaspérant. Tu es limite content qui lui arrive tous ces problèmes pendant le film. Mais bon, ça c’était mon avis sur Pinocchio bien avant d’avoir vu ce film finalement.
Concernant les points positifs, il y en a beaucoup donc il faut les souligner. Premièrement : la photographie. Il y a un grand travail autour de la lumière dans ce film qui permet vraiment de rendre une image poisseuse (avec des teintes foncées) sur chaque scène (particulièrement en introduction). Cela permet d’accentuer le milieu précaire où les personnages évoluent et donc de comprendre rapidement et concrètement la pauvreté qui touche Geppetto. Et ça, c’est fondamental pour la construction de ce personnage. Les plans dans les champs italiens ou au bord de l’eau sont très réussis également. Minimalistes, avec très peu d’objets dans le décor mais qui nous permettent d’imaginer facilement le village et ses alentours. Bon, je vous apprend rien si vous avez déjà vu les films de Garrone. C’est la même chose pour Gomorra par exemple. Garrone filme très bien la précarité et sait en tirer des choses poétiques à l’écran.

Autre point, l’acting. Roberto benigni porte le film sur toute l’introduction. Il est attendrissant et tout son background est très bien construit, ce qui nous permet de nous attacher à lui. Et pour l’acting pur, il est très bon dans ce rôle. Les autres personnages le sont aussi, il y a une direction artistique qui met en avant un acting très « à l’italienne » avec beaucoup de gestes et d’engagement. Ça rend très bien sur cette adaptation. Enfin, la dimension magique et féerique est ultra présente. La bande son, par exemple, est très simple mais tellement efficace. Et concernant la réalisation, on peut compter sur une mise en scène très poétique qui colle parfaitement à l’histoire avec beaucoup de références aux contes. On retrouve tous les ingrédients pour une adaptation mature d’un des contes les plus connus au monde.
Pour résumer, Pinocchio de Matteo Gerrone est un très beau film. La direction artistique est atypique tout en collant parfaitement à l’univers poétique de l’oeuvre. Quelques longueurs, mais on s’accroche si on s’intéresse un tant soit peut aux détails de chaque plan ou aux multiples costumes très travaillés (même si ces derniers sont parfois très glauques). On peut tout de même lui reprocher d’être un film pas très grand public avec une lenteur qui pourra abandonner quelques spectateurs en route. Et il manque quand même une scène où Geppetto chope Pinocchio par le colback et lui fout une grande torgnole.
En deux mots
Une adaptation poétique de l’une des œuvres les plus connues au monde. Accrochez vous parce que c’est très long et très lent, tout ça pour une histoire que vous connaissez par cœur. A la fin du film, vous aurez envie de mettre une grosse torgnole à Pinocchio et d’effacer de votre mémoire les personnages ultra glauques de l’Escargot concierge et du Grillon qui vit au fond du grenier.
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