CRITIQUE | SERIE

SPACE FORCE : pourquoi doit-on envoyer Thomas Pesquet en orbite avec un AK47 ?

Inspirée d'une vraie création de Donald Trump, la série Space Force arrive en orbite sur Netflix et nous délivre une satire drôle, ambitieuse mais pas sans défaut. Une odyssée spatiale qui tourne en ridicule l’ère Trump et met à l’écran un duo désormais iconique : Steve Carell et John Malkovich. On décrypte en détail la première saison de Space Force

Ca raconte quoi ?

Tout fraîchement sortie sur Netflix, Space Force est la nouvelle série humoristique qui aborde le monde de l’aérospatiale. Enfin, ça c’est la forme car dans le fond la série est plutôt une grosse satire des mesures gouvernementales depuis l’arrivée de Donald Trump. C’est le léger sous-texte qu’on retrouvera, en tout cas, dans la plupart des épisodes. Mais pour rentrer dans les détails, parlons un peu des personnages. Le Général Naird (le joli jeu de mot) arrive à la tête de la Space Force. Il a pour objectif de défendre les satellites contre des attaques et exécuter diverses opérations spatiales, plus globalement de mettre en place un pied-à-terre sur la Lune. Ne rigolez pas, car ceci est une vraie mesure de Donald Trump pour info ! Pour l’aider dans sa mission, il sera accompagné d’une team de scientifiques dont le leader est le Dr Adrian Mallory (joué par John Malkovich). Les deux univers de l’armée et des scientifiques réunis nous préparent un magnifique cocktail avec énormément de vannes autour de la confrontation de ces deux mondes.

En parallèle, on va avoir le droit à la vie personnelle du Général Naird (qui reste le personnage principal de la série). On va notamment suivre l’intégration de sa fille dans sa nouvelle vie dans le Colorado. Mais aussi de sa femme, qui est au même moment, incarcéré pour un motif absolument pas précisé. Et d’ailleurs, cette dernière est jouée par Lisa Kudrow. Celle qui jouait le personnage pas drôle dans Friends.. Phoebe ! En résumé, la série tourne autour du duo humoristique Steeve Carell et John Malkovich, mais concentre aussi son sujet sur un parallèle de la situation aux USA avec Trump. Une série satirique qui se fait le reflet et la caricature de cette situation et qui va capitaliser à mort sur ça, avec notamment beaucoup, beaucoup de références récentes. Je répète, la Space Force existe bel et bien. Evidemment créé par Donald Trump en cas de batailles spatiales à venir. C’est un peu comme si Macron avait envoyé Thomas Pesquet en orbite avec un AK47.

Notre humble avis

Bon, vous voulez une petite série pour votre pause-déjeuner le midi ? Regardez Space Force. Vous voulez vous taper des grosse barres de rire comme dans The Office ? Bah, regardez plutôt une deuxième fois The Office. Space Force, c’est la petite série qui a fait beaucoup de bruit, d’une part via son casting 5 étoiles et aussi parce qu’elle est le petit bébé des créateurs de The Office. Mais, il n’y a pas vraiment de comparaison à faire entre les deux œuvres. Space Force c’est sympa, drôle, bien fait mais ce n’est pas hilarant. En revanche, si vous voulez vous enchaîner une petite série pour passer le temps, foncez. Ça va vous faire sourire à chaque épisode, mais sur aucun d’entre eux vous aurez un fou rire. Un peu comme les spectacles de femmes humoristes françaises.

Ce qui marche le mieux dans cette série, c’est le duo Steve Carell et John Malkovich. C’est vraiment le casting parfait. Déjà, parce que les deux ont vraiment la gueule de l’emploi. Le premier un peu candide et conservateur sur les bords, l’autre scientifique plus mesuré et plutôt réfléchi. 80% de l’aspect humoristique de cette série sera le fruit de leur relation. 19% sur les parallèles que la série fait avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump et 1% sur un singe mécano qui doit fixer une aile de satellite (sur celle-là j’ai failli avoir un fou rire). Donc oui, la confrontation de l’univers de l’armée et celui des scientifiques marche à merveille et ça sur quasiment tous les sujets abordés. Ce qui est surtout drôle, c’est l’incompétence de chaque partie à comprendre l’autre. Vous ajoutez à ce mélange, un soupçon de critique sur Donald Trump. Hop, un magnifique cocktail pour préparer l’été. Des références sur ses tweets, sur ses caprices dans les médias et ses désirs de conquête. Bref, tout est réuni pour deviner facilement qu’ils se foutent de sa gueule (même s’ils ne citent techniquement jamais son nom).

Au-delà de l’aspect humoristique, il y aussi un bon travail d’écriture sur les deux personnages principaux. Beaucoup de thèmes abordés favorisant la sympathie pour ces deux-là. Avec notamment une grosse thématique sur la solitude, et vie de famille parfois. Bon, c’est une série Netflix donc : hop petite pincée de sel homosexuel. Blague à part, c’est plutôt bien amené et ça donne plus de profondeur au personnage en question. Ce sont ces moments de la vie de tous les jours qui permettent d’avoir un peu d’empathie pour ces personnages. Ca leur donne également une véritable complicité à l’écran, car leurs histoires personnelles s’entremêlent parfois.

Mais la série n’est pas parfaite et c’est pourquoi on va aussi parler des défauts. Comme dit précédemment, cette série souffre énormément du comparatif avec The Office. Parce que même réalisateur et aussi parce que présence de Steve Carell dans le casting. Evidemment, on ne peut pas comparer ces deux œuvres, car elles ne sont pas du tout sur le même créneau. Mais beaucoup n’arrivent pas à s’en empêcher, et cela créé forcement une déception après avoir vu Space Force. Pourquoi ? Parce que dans cette série, tu ne vas pas exploser de rire toutes les 5min. Tu vas rigoler gentiment, tes lèvres vont avoir une sorte de léger spasme pré-rigolade, mais pas plus. Si une caméra était pointée sur toi, on ne saurait pas si tu regardes Space Force ou le documentaire sur le pédophile Epstein.

En revanche, un format plus court aurait peut-être été plus judicieux. 30 min c’est finalement un peu long pour Space Force. Peut-être aussi, parce que le réalisateur était très ambitieux (trop), avec la volonté d’aborder des sujets plus profonds comme la solitude ou la vie de famille. Et dans les soucis plus structurels de la série, on également peut parler de l’écriture des personnages secondaires. Certains sont plutôt efficaces et rentre bien dans l’histoire, comme la fille du Général Naird. Et d’autres sont risibles et vraiment imbuvables, comme le Responsable Communication. Enfin, le dernier point : l’intrigue. OK, ils veulent coloniser la lune et monter une force spatiale. Mais, tous les épisodes s’enchaînent sans aucun lien avec ce but-là. Les mecs font des missions de préparation au hasard, on se croirait en colonie de vacances de la NASA. C’est seulement aux derniers épisodes que la vrai intrigue réapparaît, c’est-à-dire la concurrence directe avec la Chine. Sauf que la fin de la saison est tellement mal traitée qu’on perd pied. Je vous passe le freestyle complet de la fin dernier épisode.. C’est comme si tu rédigeais une dissertation sur la paix dans le monde et avant d’écrire la conclusion ,tu te lèves pour foutre une grosse tarte à ton professeur. Bref, j’ai cependant hâte de voir comment ils vont reprendre cette histoire dans la saison 2..

EN DEUX MOTS

Série sympathique sans être extraordinaire, dont l’aspect humoristique repose uniquement sur le duo Carell-Malkovich. Suffisant pour un sourire, mais pas pour un fou rire, comme pendant un sketch raconté par une femme. Une série pratique pour les pause-déjeuner, quand vous avez épuisé le catalogue Netflix.

3

Note : 3 sur 5.

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