ÇA RACONTE QUOI ?
Beaucoup de choses condensées en 1h43. En effet, comme (presque) à son habitude, Wes Anderson utilise son fil conducteur non pas comme seul point d’intérêt, mais aussi et surtout pour développer tout un tas de personnages hauts en couleur –qui vivent dans son esprit étriqué. Le film s’ouvre sur le décès du propriétaire d’un journal possédant une annexe assez réputée dans une petite commune française au nom amusant de : Ennui-sur-blasé. Selon sa dernière volonté, la publication du journal est définitivement interrompue après sa mort.

Lors de son éloge funèbre, trois articles à sensation seront récités devant la foule présente. Ces articles nous projettent alors dans trois histoires, à priori sans lien entre elles, qui font du film une sorte de mash-up de trois courts/moyens-métrages. Ainsi, nous découvrons l’histoire d’un prisonnier fou qui se découvre un talent pour la peinture, un jeune militant français qui s’efforce de rédiger un manifeste en plein mai 68, et pour finir, le kidnapping de l’enfant du commissaire de police de la ville. This is du Wes Anderson !

NOTRE HUMBLE AVIS
Il n’y a pas plus Wes Andersonesque que ce film. Voilà, merci pour votre attention, au revoir, bye, tchao, abonne-toi, partage, like, follow et lâche un tips !
Sérieusement, j’ai l’impression qu’à chaque nouveau film (films d’animation compris), Wes Anderson repousse encore un peu plus les limites de son univers. Regarder un de ses films, c’est réellement avoir l’impression d’être convié dans le cabinet de curiosité logé dans sa tête. Eh non, ce n’est pas toujours le cas, un artiste ne met pas systématiquement une part de son intimité dans l’œuvre (bien que l’on ait tendance à le croire). Tout dans ce film (qui comporte toutefois quelques petites longueurs) mobilise l’ensemble de nos sens et nous force à rester attentif. Que ce soit les personnages avec leurs grains de folie si particulier, les costumes, les décors, les couleurs, les plans, le choix des musiques, le casting.. Absolument TOUT ! Le type pèse tellement dans le game qu’il est en roue libre pendant 1h43, il a eu carte blanche pour ce film, c’est certain.

Comme un gosse qui aurait piqué la carte bleue de ses parents, il s’entoure d’un casting monstrueux avec quelques têtes d’affiche du moment type Timothée Chalamet, Christopher fuckin’ Waltz, Frances McDormand, Jeffrey Wright et j’en passe. Et comme on n’oublie pas les potos, il s’entoure une fois encore d’acteurs et d’actrices qui font, comme sous-entendu dans ses interviews, partie de sa famille. Le film est évidemment rempli de références cinématographiques, et les hommages à Orson Welles sont nombreux –rien que le synopsis rappelle un certain Citizen Kane. Bref, Welles est toujours présent dans les œuvres de Wes Anderson, ce n’est pas nouveau. Au travers de ces trois histoires, il rend également hommage à bon nombre de genres comme le film documentaire, le biopic, la comédie (très française ici) ou le polar. Les choix des thèmes abordés ne sont également pas anodins, il met clairement de lui dans chacun de ses personnages.

Ainsi, la folie créatrice (et destructrice) du personnage de Benicio Del Toro, le refus des conventions de celui joué par Timothée Chalamet ou encore la relation conflictuelle père-fils, font tous écho à une part de lui-même. C’est en cela que chaque histoire est liée, bien plus que par le simple fil rouge du ‘journal‘ destiné à nous leurrer. Si le film a quelques défauts, et que trop de Wes Anderson peut tuer Wes Anderson, The French Dispatch est ni plus ni moins que la manifeste du réalisateur. Ce n’est pas pour rien que vous entendrez dans ce film un « Don’t criticize my manifesto » lancé par un jeune homme plein de doutes qui se découvre et se fait sa propre vision du monde. Entre Wes Anderson et la complexité de certains de ses personnages, il n’y a qu’un pas..
EN DEUX MOTS
Impossible de faire plus Wes Anderson que ça. Don’t criticize my manifesto.
3,5
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