ÇA RACONTE QUOI ?
Julia multiplie les combines illégales et les vols de bécanes sur Le Bon Coin. Elle en fait baver à tout son entourage. En parallèle, elle voue une passion dévorante à sa pratique de la moto. Elle dépense l’intégralité de son argent en bidons d’essence, sans même sourciller face à la crise de l’énergie ! Un jour, elle décide de rejoindre une ligne de cross-bitume pour observer des acrobates à l’œuvre.

Elle fait la rencontre d’une bande de motards et infiltre ce milieu clandestin, constitué majoritairement de jeunes hommes. Petit à petit, elle prend part aux différentes activités du groupe, jusqu’à occuper une place importante, ce qui risque de créer quelques jaloux dans ce milieu. Toutes ces différentes rencontres risquent également de changer sa vie..

NOTRE HUMBLE AVIS
Après la polémique, voici le film (dans cet ordre, bizarrement). Cela aura au moins eu le mérite de parler du projet, même si on peut rêver mieux comme publicité qu’une vague de 0 étoile sur Allociné. Pourtant, dans un élan de curiosité, certains spectateurs pourraient bel et bien apprécier ce nouveau film de Lola Quivoron. Rodéo démarre d’ailleurs en troisième avec une séquence survoltée, où le personnage principal se déchaîne face à nous. De quoi faire les présentations en bonne et due forme. Julia est en réalité une paumée, une jeune femme à problème qui en fait baver à tout son entourage. Très vite, on fait face à un personnage presque imbitable, mais dont l’évolution fascinera tous les spectateurs. Une vie menée à 200Km/h où Julia cramera tout sur son passage, mais aura aussi à constater les dégâts. Les détracteurs reprochaient à Lola Quivoron de faire l’apologie de la délinquance, ils ont a priori tort sur toute la ligne. La cinéaste apporte une complexité bienvenue à ses personnages, évitant un angle trop manichéen, mais tout en permettant une remise en question des protagonistes. Rodéo traite de la passion des deux-roues et de la montée d’adrénaline agissant comme une drogue dans le corps humain. On se shoot à la prise de risques, jusqu’à ce que cela nous consume entièrement.

Les thématiques abordées avec le personnage principal sont multiples : l’intégration dans un groupe hyper masculinisé, l’exclusion sociale, l’envie d’évasion/de liberté, les passions abusives, le besoin de reconnaissance.. Bref, Julia est un personnage aussi riche en analyse que passionnant dans le film. Le scénario ne tombe, lui non plus, jamais dans une version standardisée. Spoiler alert, il n’y aura pas d’amourette faisant naître une prise de conscience. Il y a bien de l’émotion, de l’amour, de l’amitié.. mais tout cela est impalpable à l’écran. Tout est amené de manière subtile à travers les dialogues, les situations ou parfois la réalisation. Rodéo réussit aussi à tenir un rythme soutenu de la ligne de départ jusqu’à l’arrivée, avec aucune seconde d’ennui entre tout ça. La photographie et la bande originale se permettent également quelques moments de fulgurance, bien accompagnées par une réalisation au plus près des visages marqués. Enfin, impossible d’évoquer les points forts du film sans parler de L’inconnuedu75. Si Julie Ledru n’avait pas pour ambition de devenir actrice, il va très vite falloir revoir ses priorités. En résumé, Rodéo fait parler, Rodéo intrigue, mais qui n’a jamais tenté de faire une roue avant avec une bécane ou un vélo entre les jambes.
EN DEUX MOTS
Fougueux, rythmé et complexe, ce nouveau film de Lola Quivoron a définitivement mérité son titre de coup de cœur du jury ‘Un Certain Regard’ au Festival de Cannes. Dommage que la polémique vienne brider son succès.
3,5
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