ATHENA : le cocktail monotone de Romain Gavras

ÇA RACONTE QUOI ?

Rappelé du front à la suite de la mort de son plus jeune frère, décédé des suites d’une prétendue intervention de police, Abdel retrouve sa famille déchirée. Très vite, la banlieue où il a grandi va s’embraser. Entre le désir de vengeance de son petit frère Karim et le business en péril de son grand frère dealer Moktar, il essaye de calmer les tensions.

Mais minute après minute, la cité Athéna se transforme en château fort, théâtre d’une tragédie familiale et collective à venir. Les remparts se fortifient, les CRS arrivent et les affrontements débutent filmés par les multiples plans-séquences de Romain Gavras. Au moment où chacun pense avoir trouvé la vérité, leur monde est sur le point de basculer dans le chaos.

NOTRE HUMBLE AVIS

Athéna, la nouvelle grosse production française Netflix, est un concentré d’action dramatique. On assiste à la véritable déflagration d’une banlieue, où un drame familial prend place en pleine bataille. Tout cela devant la lentille de la caméra (très remuante) de Romain Gavras. Dévoilé au grand public avec ‘Le Monde est à Toi’ (2017), il est aussi célèbre pour son travail en tant que réalisateur de clips musicaux, et il faut dire que ça se voit.. Beaucoup trop pour Athéna d’ailleurs, car si on est subjugué par l’intensité de la séquence d’introduction, c’est beaucoup moins le cas avec la multiplication des plans-séquences qui suivent. À force d’user de ce format, Romain Gavras le dénature complétement, en le rendant tout simplement moins « exceptionnel ». On fait souvent face à des séquences stylisées à l’overdose, la mise en scène prenant toute la place dans cette œuvre et laissant sur le bas-côté tout le reste. Athéna a le cul entre deux chaises, entre l’intensité de 1917 et son décor chaotique, et les visuels d’un clip publicitaire..

Le cinéaste français filme parfaitement l’action, l’anarchie ou la révolte, mais oublie complétement ses personnages. Par conséquent, le long-métrage manque cruellement d’émotion et ne génère jamais d’empathie. Dans un trop-plein de violence, on perd instantanément l’humanité, c’est encore plus le cas lorsque les personnages principaux n’incarnent que des idées. Il n’y aucun travail d’écriture, trop peu d’évolution émotionnelle, on fait face à des « représentations » statiques (du devoir, de la vengeance, de l’égoïsme..). Et lorsque Romain Gavras tente quelque chose avec son personnage Abdel, c’est logiquement trop brusque pour être crédible. Le scénario est également un vaste fourre-tout, on ne comprend pas toujours les choix du réalisateur, et il ne prend jamais le temps de bien développer tous ses sujets. Finalement, le long-métrage ne dit pas grand-chose tant on pousse le curseur vers l’extrême. Athéna traite beaucoup de thématiques en surface à travers une finalité pleine de brutalité, mais le film a au moins le mérite de poser beaucoup de questions. Romain Gavras réussit également à insuffler un rythme haletant, on ne s’ennuie jamais avec cette dose d’action omniprésente. En résumé, Athéna marquera tous les esprits par ses plans ultra impactants, mais manque cruellement de volume avec ses personnages ou son propos, au profit d’images d’une violence impétueuse, qui emportent tout sur son passage.

2,5

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