CRITIQUE | FILM

BLACK PANTHER 2 : un énième film de fast food

En 2018 sortait le premier volet 'Black Panther' réalisé par Ryan Coogler. Depuis, nous avons appris le triste décès de Chadwick Boseman. Entre hommages, réécriture et pression palpable, ce deuxième volet de la franchise se devait de boucler dignement la phase 4 du MCU. Notre critique de 'Black Panther : Wakanda Forever'

ÇA RACONTE QUOI ?

Après la mort du roi T’Challa alias Black Panther, le Wakanda est en deuil et Ramonda a repris le siège royal avec l’aide de sa fille Shuri, des Dora Milaje et de M’Baku. Un an plus tard, alors que les regards des puissances internationales se montrent méfiantes envers le Wakanda qui régule l’accès au vibranium, un filon du précieux métal est repéré dans les fonds marins grâce à un détecteur encore en test

Namor, homme amphibie et souverain du royaume sous-marin de Talocan, menace de déclarer la guerre à la nation africaine, et Ramonda, Shuri et Okoye vont devoir compter sur leurs quelques alliés pour éviter un conflit mondial.

NOTRE HUMBLE AVIS

Le premier volet Black Panther aura eu le droit à son surprenant succès. Une suite est rapidement mise en chantier, mais comme nous le savons tous, le décès soudain de Chadwick Boseman a tout bouleversé. La production du film compte de nombreux problèmes, de nombreuses réécritures de scénario et des soucis avec les membres de son casting. Le long-métrage sort donc en salles avec de grosses pressions sur les épaules. Le vide laissé par Chadwick Boseman ne sera pas comblé de la plus facile des manières et le deuil sera sans aucun doutes au centre du récit. Les bandes-annonces laissaient présager une ambiance lourde, avec l’ombre du défunt T’challa qui pèse sur nos personnages principaux. L’attente était donc énorme et la curiosité s’est éveillée.

Au risque de ne pas nous faire des amis, Black Panther deuxième du nom, est peut-être la plus grosse foirade de l’écurie Marvel Studios. Rangez vos fourches, on s’explique. Le pari était extrêmement risqué et très casse-gueule, mais avait le mérite de nous proposer quelque chose de nouveau dans le MCU. Une histoire de deuil, de danger ou nous découvrirons un nouvel univers menaçant tandis que le Wakanda se retrouve sans aucune défense, ni même de protecteur. Malheureusement pour nous, jamais l’absence de Chadwick Boseman ne s’est fait ressentir. On sent que le studio est très vite passé à autre chose après cette séquence d’introduction assez soudaine et plutôt ridicule, mettant en scène avec de gros sabots la mort de T’challa. S’ensuit un hommage très rapide au Black Panther original mettant en avant danses, beaux costumes et cérémonies traditionnelles. Mais pourtant, le tout semble être plat. L’émotion est absente, cet hommage est bâclé et assez froid quand on y repense.

Nous pensions que la suite relèverait le niveau en proposant quelque chose de mature, où le deuil familial sera le principal atout du récit. Eh bien non. Il est même très secondaire et se fera facilement oublié au profit d’une histoire très classique et bridée à la sauce MCU. Un nouveau méchant prêt à en découdre à cause de la curiosité des humains pour… le vibranium. Un grand bravo à Marvel et à ses scénaristes qui n’ont pas su saisir l’opportunité d’aller vers quelque chose de nouveau. Au contraire, on reste cantonné avec ce foutu caillou qu’est le vibranium, soit clairement l’objet central du premier film. En ressortira un méchant, plutôt bien exploité en première partie de long-métrage. Tenoch Huerta incarne avec brio ce Namor plutôt dark et au discours intéressant. Il n’empêche que son design (pourtant très fidèle aux comics) ne nous emballe pas plus que cela et les CGI Marvel n’arrangent pas le tout. Effectivement, c’est en deuxième partie de long-métrage que cela se corse. Après avoir été présenté comme un dieu, abordant un aspect politique intéressant, Namor se verra au final réduit à un antagoniste lambda bien bourrin aimant tout faire péter. Et pourquoi pas, après tout, c’est bien ce que fait Superman dans les films de Zack Snyder.

Cependant, le réalisateur Ryan Coogler n’arrive jamais à iconiser son personnage durant les séquences d’action. Ses scènes de baston sont assez illisibles par le montage, comme par la photographie vraiment trop sombre. On y verra seulement un mec en moule bite voler pour exploser les vaisseaux des Wakandais avec de terribles VFX datant de l’époque des Spider-Man de Sam Raimi (mention spéciale au saut de l’ange de Namor d’un ridicule absolu). Son final sera également expédié et n’en ressortira qu’une sensation de gâchis de personnage. Pourtant, celui-ci s’avérait être intriguant et tout son développement promettait quelque chose de différent. Par exemple, son enfance tragique parfaitement retranscrite à l’écran et son univers sous-marin malheureusement sous exploité. Talokan manque cruellement de couleurs et passera par la case filtre gris que Marvel adore employer. On n’y voit rien, sauf pour la salle du trône, plutôt bien mise en valeur. Le reste ne sera que champs-contre-champs inintéressants. Il en va de même pour le Wakanda. Nous devons une fois de plus nous contenter de simples fonds verts et de seulement deux quartiers de cette ville semblant mythique.

Le tout est terriblement sous exploité et, en plus de cela, le film est beaucoup trop long pour ne rien dire. Il s’attarde sur des éléments pas forcément essentiels. Il est toujours dans l’exposition et ne laisse jamais son spectateur réfléchir par lui-même. Il ira même jusqu’à répéter certains de ses dialogues pour être sûr que le public a bien compris les enjeux. Cela prendra énormément de temps avant que le film ne commence réellement. Le tout parait vraiment long, très peu rythmé et ce ne sont pas les séquences d’action qui changeront la donne. En effet, Wakanda Forever possède très peu de scènes ‘boum boum’. Et cela ne serait pas un mal, si les seules que nous avions étaient un minimum marquantes -poursuites en moto illisibles, mal filmées, beaucoup trop sombres et très anecdotiques. L’invasion du Wakanda avait un grand potentiel, mais détruite au profit de mauvais VFX et d’un manque d’inspiration au niveau de la mise en scène. Wakanda Forever pourra éventuellement se rattraper avec certains de ses personnages, notamment celui de Ramonda incarné avec brio par Angela Bassett, mais c’est à peu près tout. Laetitia Wright ne semble pas être faite pour ce rôle et son mode vengeance n’est pas toujours très palpable. Elle arrivera tout de même à nous faire ressentir de l’empathie lors des séquences émotives. Heureusement qu’elle est entourée d’un joli casting féminin (notamment Danai Gurira trop peu exploitée), car celle-ci n’arriverait pas à tenir le film sur ses épaules.

Pourtant, cet aspect ‘succession d’un prince’ pouvait s’avérer intéressant, mais Marvel n’en tiendra compte seulement pour quelques minutes. La vengeuse Shuri, ne sera vengeuse que pour un simple instant, pour laisser place au pouvoir de l’amour habituel et bien balisé de Disney. Prise de risques 0. Nous pouvons tout de même tenir compte des jolis costumes Wakandais (sauf les nouvelles tenues des guerrières sorties d’un épisode de Power Rangers) et d’une musique impériale signée Ludwig Goransson, toujours à la hauteur quand il s’agit de composer une parfaite bande originale. Pour le reste, le tout sera assez peu original et d’un classique absolu quand il s’agit de traiter ses personnages. Notamment celui de IronHeart qui sera certainement le clou du spectacle de l’inutilité. Aucun développement, ni même une seule finesse d’écriture quand il s’agit d’introduire ce personnage au sein du film. Ryan Coogler signe un film décevant à fort potentiel qui aurait pu être un film de deuil sombre, et où le défunt Chadwick Boseman aurait eu une place de choix. Malheureusement pour nous, son ombre n’a pas plané une seule fois sur le récit, si ce n’est lors des hommages beaucoup trop survolés en début de film.

Le potentiel était important, mais ‘Wakanda Forever’ n’est en fait qu’un énième film Marvel lambda, trois fois trop long et trop bavard pour ne rien dire. Ryan Coogler ne semble pas très inspiré dans sa mise en scène ou dans les thématiques abordées, et le traitement de ses différents personnages sera tout aussi décevant. Assez fade et parfois très laid, ce nouveau projet Marvel n’a clairement pas marqué notre esprit. 

2

Note : 2 sur 5.

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