CRITIQUE | FILM

INU-OH : l’art d’innover en animation

Après la sortie de 'Ride Your Wave', Masaaki Yuasa s'allie encore une fois avec le studio d'animation japonaise Science Saru pour nous présenter l'adaptation d'un roman d'Hido Furakawa, 'Le Roi Chien'. Notre critique du film Inu-Oh

ÇA RACONTE QUOI ?

lnu-oh est une créature maudite né avec la particularité physique l’obligeant à cacher chaque parcelle de son corps. Il vit dans l’ombre et en marge de la société. Mais sa vie de paria solitaire change lorsqu’il rencontre Tomona, un joueur de Biwa aveugle. Cette rencontre bouleverse son quotidien, et risque tout changer.

Ensemble, ils créent un duo singulier qui fascine les foules et deviennent les premières célébrités du Japon. Pour découvrir la vérité sur la malédiction d’Inu-oh, ils devront continuer à danser et chanter, au risque de déranger l’ordre établi.

NOTRE HUMBLE AVIS

Inu-Oh nous transporte à l’époque du Japon féodal pour explorer le théâtre de No d’une manière moderne, enrichi en référence rock (Queen, Alice Cooper, AC/DC et j’en passe) et composé par Yoshihide Otomo.

Chaque concert offre une mise en scène spectaculaire. Mais sous ses airs extravagants, Inu-Oh aborde l’art d’une façon plus large. L’art est toujours signifiant et lorsque la noblesse s’approprie l’art populaire, celui-ci se voit censurer car trop opposé au pouvoir, il est vu comme dangereux. Le propos politique est un des sujets les plus abordés dans les lyrics du groupe, le réalisateur ajoute un côté personnel en y intégrant subtilement sa propre expérience et évoque le sujet dans la neutralité. La mise en scène est sans doute l’un des aspects les plus intéressants du film, utilisant la construction de l’identité pour développer ses personnages, la dualité est maîtresse, sans pour autant utiliser la vengeance comme attrait. La structure narrative est synonyme de liberté, Masaaki Yuasa ne fixe pas de limite et se contente de dire ce qu’il a envie de dire et de faire ce qu’il a envie de faire. Mêlant la gouache aux estampes à la 3D par instants, le réalisateur réunit dans ce récit toutes ses inspirations.

L’histoire pouvant rappeler par moments le film Adieu Ma Concubine de Chen Kaige ou encore le manga Dorohedoro de Q Hayashida, Inu-Oh est le résultat d’un mélange d’une multitude de références et de styles graphique, le rendant bien complexe à observer. Nous retrouvons là le Masaaki Yuasa plasticien, celui qui expérimente et qui n’a pas peur de proposer quelque chose de diffèrent, rappelant dans le fond son film Mind Game sorti en 2004. L’empreinte du studio d’animation et celle du réalisateur est facilement reconnaissable mais malheureusement, le film semble inabouti. L’esthétique, le scénario, l’écriture des personnages, Inu-oh souffre d’un manque de développement de ses idées qu’il est rare de retrouver chez ce réalisateur. Autant être honnête, Inu-Oh est un ovni pour nous occidentaux, la culture asiatique magnifiquement mise en avant ainsi que sa structure narrative particulière pourrait le rendre difficilement atteignable.

Inu-Oh est une belle proposition dans le paysage de l’animation japonaise, le travail de recherche est remarquable, Masaaki Yuasa signe une œuvre authentique et entreprenante. Bref, mettez de coté tout ce que vous savez sur l’animation japonaise et laissez Inu-Oh vous prendre par la main.

3,5

Note : 3.5 sur 5.

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