SYNOPSIS
Sur l’île d’Inisherin située au large de la côte irlandaise, deux amis visiblement très proches, Padraic et Colm rompent lorsque Colm souhaite ne plus jamais adresser la parole à Padraic. Abasourdi, Padraic n’accepte pas la situation et tente par tous les moyens de recoller les morceaux, avec le soutien de sa sœur Siobhan et de Dominic, un jeune insulaire un peu dérangé.

Il va d’abord essayer de comprendre, puis de résoudre cette situation plus qu’inattendue. Cependant, Colm dresse un ultimatum des plus insensés qui n’arrange pas les choses. Au contraire, les événements s’enveniment et vont avoir de terribles conséquences.

NOTRE CRITIQUE
Sans grande attente particulière, Les Banshees d’Inisherin est un film qui peut autant émerveiller qu’ennuyer. Il est d’abord mémorable par son esthétique très singulière. En partie grâce aux nombreux plans larges exhibant l’étendue de l’île, mais aussi grâce à sa photographie assez terne et jaunâtre, véritable reflet de ses habitants et de leur train de vie quotidien. Il est aussi et surtout remarquable à travers ses personnages, tous plus atypiques les uns que les autres. Aucun n’est réellement très intelligent (sauf une), ou attirant de quelque manière qu’il soit. Et pourtant, on ne peut pas s’empêcher de s’attacher à tous ces énergumènes qui passent leurs journées à boire des pintes au pub d’à côté. Cela passe principalement par un jeu d’acteur absolument épatant. La dynamique entre Colin Farrell et Brendan Gleeson est tout bonnement parfaite, avec un Barry Keoghan absolument déchirant. On est immédiatement pris d’empathie pour Padraic, on ne peut que partager son incompréhension, mais aussi finir par comprendre le choix initial de Colm.

Au travers de longues scènes de dialogue à l’écriture travaillée, chaque personnage dévoile ses envies, ses questionnements et ses jugements qui ne s’arrêteront jamais. À toujours aller de plus en plus loin dans l’absurde et le non-sens le plus total. Certains échanges sont terriblement drôles, avant de devenir émouvants, et parfois étonnants de justesse philosophique. Le tout sans jamais sortir de son cadre absurde et sombre. Le film alterne brillamment entre diverses émotions qui complètent pleinement ces personnages. Et ce, sans aller dans l’incohérence, le long-métrage est très bien construit et n’est jamais en désaccord avec ce qu’il a établi plus tôt. Néanmoins, on peut reprocher au film une certaine longueur. Il prend son temps à passer du point de vue d’un personnage à un autre, à enchaîner les situations étranges. Au final, on peut ressentir l’impression qu’il ne s’est pas passé grand-chose. Encore plus particulièrement si l’on n’accroche pas au style de l’auteur très insolite.
Les Banshees d’Inisherin n’en reste pas moins un film intéressant, qui va traiter de nombreux sujets comme la guerre, l’amitié, les agressions intrafamiliales ou encore la recherche de soi : comment donner du sens à sa vie. On peut rester en dehors, comme on peut en tomber totalement amoureux. Dans tous les cas, l’important est d’en ressortir avec une expérience unique, que l’on aime ou non, le cinéma est là pour déranger autant que pour faire plaisir.
EN DEUX MOTS
Pouvant paraître difficile à aborder, ‘Les Banshees d’Inisherin’ est un film aux multiples facettes. Il émerveille autant qu’il peut ennuyer. Tout en faisant réfléchir sur le but d’une vie et le sens des relations. Qu’il vous attire ou non, il n’en reste pas moins des plus intéressants.
3,5
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