NOÉMIE DIT OUI : un grand film québécois !

SYNOPSIS

Noémie, une adolescente impétueuse de 15 ans, vit dans un centre jeunesse depuis trois ans. Lorsqu’elle perd tout espoir d’être reprise par sa mère, Noémie fugue du centre en quête de repères et de liberté.

Elle va rejoindre son amie Léa, une ancienne du centre, qui l’introduit dans une bande de délinquants. Bientôt, elle tombe amoureuse du flamboyant Zach qui s’avère être un proxénète. Fin stratège aux sentiments amoureux ambigus, Zach incite Noémie à se prostituer. Récalcitrante au départ, Noémie dit oui.

NOTRE CRITIQUE

Le tout premier film de Geneviève Albert, Noémie Dit Oui, est un pari gagnant pour la réalisatrice qui s’attaque sans détour au sujet de la prostitution. Le moral du spectateur est soumis à grande épreuve, mais il le faut bien quand « Au Canada, l’âge moyen d’entrée dans la prostitution se situe entre 14 et 15 ans.. »

Et Noémie Dit Oui n’attend pas longtemps pour nous déchirer le cœur en mettant directement les pieds dans le plat. Au programme, un cruel abandon d’une adolescente par sa mère au milieu du tribunal. À peine quelques minutes de visionnage et le spectateur doit sortir des mouchoirs, la couleur est annoncée, mais le sujet du film est encore loin d’être dévoilé. Cet électrochoc va lancer le personnage principal dans une cascade vers l’enfer. Très vite, Noémie Dit Oui se dirige vers des sujets plus sombres que l’abandon, tout en gardant une fraîcheur dans la mise et la réalisation. À travers des personnages réalistes et des situations à effet boule de neige, on plonge dans cette descente avec Noémie, le pied sur l’accélérateur. Et l’actrice Kelly Depeault dans le rôle principal signe ici l’une des meilleures prestations de 2023, sans conteste. Elle a déjà été la Révélation Québécoise en 2021, et je peux vous garantir qu’elle continuera à soulever des récompenses.

Volontairement brutal, volontairement insoutenable, ce nouveau long-métrage est là pour mettre à l’épreuve le spectateur, tout en ayant cet aspect terre-à-terre palpable. Les situations semblent excessives, et pourtant, on ne peut s’empêcher de penser que ce milieu abject fonctionne de cette façon. La réalisatrice évite cependant le voyeurisme des scènes de sexe, elle pose la question du consentement au centre de son récit et des différents leviers qu’utilisent ces hommes pour arriver à leurs fins. La chute en est plus grande et on ne peut qu’être investi à 150% dans cette fugue vers un nouvel horizon. Rien n’est laissé au hasard dans Noémie Dit Oui, chaque plan porte des messages forts, chaque élément fait référence à un autre. Du t-shirt Delorean, au circuit de karting, en passant par la Lamborghini, on dévale la pente avec un moteur V8 sur le point d’imploser. Au final, Noémie Dit Oui est un projet cinématographique aussi riche que puissant, qui interpelle son audience et aborde des thématiques féministes à travers un angle nouveau.

EN DEUX MOTS

4

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